Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis samedi une réponse "forte" et "solide" au "terrorisme" après deux attaques palestiniennes à Jérusalem-Est, dont l'une a fait sept morts près d'une synagogue. "Notre réponse sera forte, rapide et précise", a déclaré M. Netanyahu avant une réunion d'urgence du cabinet restreint de sécurité. "Nous ne cherchons pas l'escalade mais nous sommes prêts pour n'importe quel scénario." Vendredi soir, un palestinien de 21 ans a tiré sur des passants à proximité d'une synagogue dans le quartier de Neve Yaacov, tuant sept personnes avant d'être abattu. Samedi matin, un Palestinien de 13 ans a blessé par balles deux Israéliens à Silwan, à deux pas des remparts de la Vieille Ville.
Commises à Jérusalem-Est, la partie orientale occupée et annexée par Israël, ces nouvelles violences surviennent sur fond de brusque escalade après la mort jeudi de neuf Palestiniens dont des combattants et une sexagénaire, dans un raid de l'armée israélienne à Jénine, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Les forces israéliennes ont été placées en état d'alerte maximale, et l'armée a annoncé renforcer ses effectifs en Cisjordanie alors que les appels à la retenue se sont multipliés en provenance de l'étranger. Le secrétaire d'Etat Antony Blinken est attendu à Jérusalem et Ramallah lundi et mardi pour évoquer des mesures en vue d'une désescalade.
Armer les civils
Revenu au pouvoir en décembre avec l'appui de formations d'extrême droite et ultraorthodoxes juives, M. Netanyahu a promis samedi un "processus accéléré" de mise sous scellés et de démolition des maisons de responsables d'attaques anti-israéliennes. Une politique dénoncée comme un châtiment collectif par des ONG de défense des droits humains. Il a également dit vouloir proposer au cabinet de sécurité une facilitation de l'obtention de permis de port d'armes pour les civils, et de couper la Sécurité sociale aux "familles qui soutiennent le terrorisme". "Quand les civils ont des armes, ils peuvent se défendre", a dit aux journalistes le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, figure de l'extrême droite.
Dans le quartier palestinien de Silwan, l'assaillant, muni d'un pistolet, a blessé un père et son fils, soldat, âgés respectivement de 47 et 23 ans, selon la police et les secours, avant d'être blessé par des passants armés, puis arrêté. L'attaque de vendredi, perpétrée au soir de la journée mondiale à la mémoire des victimes de la Shoah, a suscité une vague d'indignation en Europe et aux Etats-Unis, ainsi que la condamnation de gouvernements arabes entretenant des liens avec Israël, comme l'Egypte, la Jordanie ou les Emirats arabes unis. Les deux attaques ont été commises par des Palestiniens de Jérusalem-Est mais n'ont pas été revendiquées. L'identité des sept morts vendredi n'a pas encore été révélée par la police.
Des médias israéliens et palestiniens ont identifié l'assaillant de Neve Yaacov, un quartier de colonisation juive, comme Khayri Alqam, qui a fait l'objet de nombreuses louanges sur des comptes en arabe sur les réseaux sociaux.
Nouvelle Intifada ?
Qualifiant l'attaque de crime "particulièrement abject", le patron de l'ONU Antonio Guterres a dit être "profondément inquiet de l'escalade de la violence". L'Autorité palestinienne s'est abstenue de la condamner et jugé qu'Israël était "entièrement responsable de la dangereuse escalade". Jeudi, neuf Palestiniens ont été tués dans un raid militaire israélien à Jénine en Cisjordanie, présenté par Israël comme une action préventive contre une cellule du groupe armé palestinien Jihad islamique. La nuit suivante a été marquée par des tirs de roquettes depuis Gaza vers Israël et des frappes israéliennes sur ce micro-territoire sans qu'aucune victime ne soit déplorée.
Le député israélien d'opposition Mickey Levy, a dit craindre que "ce qui est arrivé il y a 20 ans (soit en train de commencer) à se produire maintenant" dans une référence à la Seconde Intifada, le soulèvement palestinien de 2000 à 2005. "Nous devons réfléchir à la façon dont nous pouvons agir pour mettre un terme à la situation", a-t-il dit à l'AFP alors que la coalition de M. Netanyahu prône la manière forte contre les Palestiniens et la poursuite de l'occupation en Cisjordanie. A Tel-Aviv, quelques dizaines de milliers de personnes, beaucoup moins nombreux que les deux samedis précédents, ont manifesté contre le gouvernement et son projet contesté de réforme de la justice. Les manifestants ont marqué une minute de silence à la mémoire des victimes de Neve Yaacov.