Face au tempétueux Donald Trump, forcément, il fait un peu pâle figure. Pourtant, Joe Biden a de bonnes chances de s’installer à la Maison-Blanche en janvier prochain, s’il remporte la présidentielle américaine du 3 novembre. Volontiers décrit comme ennuyeux et peu charismatique, celui qui pourrait devenir l’homme plus puissant de la planète a un caractère beaucoup plus complexe qu’on ne le croit, assure vendredi sur Europe 1 Sonia Dridi, correspondante à Washington et autrice de Joe Biden, le pari de l’Amérique anti-Trump.
La perception est pourtant bien ancrée, aux Etats-Unis, où il est surnommé "Sleepy Joe" par Donald Trump, et ailleurs. "On voit Joe Biden comme un candidat ‘boring’ comme on dit aux Etats-Unis, donc ennuyeux, un peu fade. Mais on a vu qu’il n’était pas si ‘sleepy’ puisque lors du premier débat, beaucoup ont découvert, lorsqu'il a dit à Donald Trump ‘Tu veux pas la fermer un moment ?’, qu’il avait un caractère bien trempé" , explique la journaliste, qui convoque une autre expression américaine, l’Irish temper (le tempérament irlandais), pour qualifier le candidat démocrate.
"C’est vraiment un battant"
Autre caractère parfois méconnu de Joe Biden : "c’est vraiment un battant", assure Sonia Dridi. "On oublie de dire souvent c'est la troisième fois qu'il se présente à une élection présidentielle. C'est vraiment le rêve de sa vie d'accéder à la Maison-Blanche", appuie la journaliste. "Et puis, finalement, il réalise un peu le rêve américain parce qu'il vient de la classe moyenne d'une petite ville de Pennsylvanie", poursuit-elle. Enfin, "il a aussi eu une vie romanesque", avec des tragédies personnelles, rappelle Sonia Dridi. Joe Biden a en effet perdu son épouse et sa petite fille dans un accident de la route en 1972.
Si Joe Biden pâtit d’une telle image, c’est sans doute aussi parce que pour beaucoup, il reste l’éternel vice-président de Barack Obama, très charismatique président des Etats-Unis avant Donald Trump. "Obama lui a fait quand même un peu d'ombre au début de sa campagne", confirme Sonia Dridi. "Vu que Joe Biden manque beaucoup de charisme, Obama est beaucoup intervenu. Et finalement, ça pouvait aussi pécher un peu au niveau de cette campagne parce qu'il ne l'a pas non plus envie que finalement, ça occulte sa personnalité. Mais justement, il veut aussi montrer qu'il ne va pas refaire du Obama puisque certains, notamment l'électorat le plus jeune, veulent un programme plus à gauche."