"Le président n'a rien fait de mal." C'est ce qu'a affirmé la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, après l'annonce de l'enquête en destitution qui vise Joe Biden. Rapidement, le président des États-Unis a lui-même réagi : "Je me lève tous les jours (...) sans me focaliser sur la destitution. J'ai un travail à faire. Je dois m'occuper des problèmes qui affectent le peuple américain tous les jours". Pourquoi cette enquête a-t-elle été lancée et, surtout, a-t-elle une chance d'aboutir ? Europe 1 vous explique tout ce qu'il faut savoir sur cette affaire.
Pourquoi cette procédure est-elle lancée ?
Tout d'abord, ce sont les opposants républicains au Congrès qui ont mené cette enquête en destitution. Mardi, le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a "demandé à une commission de la Chambre d'ouvrir une enquête formelle en destitution". La droite américaine accuse Joe Biden d'avoir "menti" au peuple américain sur son implication dans les affaires de son fils, Hunter Biden, à l'étranger. Les républicains accusent ce dernier d'être impliqué dans des affaires de corruption en Ukraine et en Chine. Le deuxième fils du président américain aurait reçu 20 millions de dollars de la part de sociétés écrans dans les deux pays.
Toujours selon les accusations, l'ensemble de la famille Biden, dont Joe Biden en personne, en aurait bénéficié. Aussi, Hunter Biden aurait capitalisé sur le réseau et le nom de son père, qui était à ce moment-là vice-président de Barack Obama (2009-2017).
>> ÉCOUTER AUSSI - L'étau se resserre sur Hunter Biden
Si l'enquête en destitution contre Joe Biden est ouverte pour cette affaire, Hunter Biden a d'autres démêlés avec la justice. L'homme d'affaires de 53 ans est notamment accusé de fraude fiscale - il n'aurait pas rempli ses déclarations d'impôts en 2017 et 2018 sur des revenus d'un montant total de 1,5 million de dollars - et de possession illégale d'une arme à feu, alors qu'il était toxicomane. Une affaire pour laquelle il devrait être inculpé d'ici à la fin du mois de septembre.
Joe Biden risque-t-il d'être destitué ?
Cette enquête en destitution contre Joe Biden a peu de chances d'aboutir, et ce pour plusieurs raisons. Déjà, les démocrates sont majoritaires au Sénat, et ne voteront donc logiquement pas pour la destitution du champion de leur camp. Aussi, car il n'y a pour l'instant pas de preuve à l'encontre de Joe Biden. Contrairement à ce qu'assurent les républicains, rien ne prouve qu'il ait reçu directement de l'argent issu des entreprises ukrainiennes et chinoises, comme l'explique CNN. Les investigations menées par les enquêteurs sur les relevés bancaires n'ont pas permis d'établir de lien entre le président des États-Unis et l'affaire de corruption qui touche Hunter Biden.
>> LIRE AUSSI - Ukraine : la nouvelle bourde de Joe Biden pour qui Vladimir Poutine est en train de «perdre la guerre en Irak»
Du point de vue des démocrates, cette affaire aurait avant tout pour objectif de détériorer l'image de Joe Biden, à un an des élections présidentielles de 2024. Selon le camp de Joe Biden, il s'agirait aussi de faire oublier les démêlés judiciaires de Donald Trump, inculpé quatre fois ces derniers mois et favori des primaires républicaines. "Il n'y a aucune preuve dans ce dossier, juste un ordre lancé par Trump pour destituer" son rival politique, a dénoncé l'élue démocrate Debbie Wasserman Schultz.
Mais au fait, comment fonctionne une procédure en destitution ?
Concrètement, la Constitution américaine prévoit que le Congrès peut destituer un président en cas de "trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs". La procédure se déroule en trois étapes : tout d'abord, la phase d'enquête, menée en général par le comité judiciaire de la Chambre des représentants. Ensuite, la destitution ("impeachment" en anglais) doit être votée par la Chambre des représentants, la chambre basse du Congrès, à la majorité.
Si toutes les conditions sont retenues, un procès se tient enfin devant le Sénat, la chambre haute du Congrès. Pour que le président soit condamné, il faut que les deux tiers des sénateurs votent pour la destitution. Autrement, le chef d'État est acquitté. Aucun président n'a jamais été destitué de toute l'histoire des États-Unis. Plusieurs chefs d'État ont été visés par des procédures d'impeachment : Andrew Johnson en 1868, Bill Clinton en 1998 et Donald Trump en 2019 et en 2021, mais tous ont été finalement acquittés. Seul Richard Nixon a préféré démissionner en 1974 pour éviter une destitution certaine par le Congrès en raison du scandale du Watergate.