L'opposant vénézuélien Juan Guaido est rentré lundi au Venezuela, acclamé par une foule de partisans à l'aéroport international de Caracas. À son arrivée dans la capitale devant des milliers de partisans, il a appelé à maintenir la pression sur le régime de Nicolas Maduro. "Nous connaissons les risques que nous courons, ça ne nous a pas retenus : nous sommes ici au Venezuela, plus forts que jamais", a-t-il lancé à la foule, avant de sortir de l'aérogare, tout sourire, debout sur le toit d'une voiture.
Guaido avait promis de rentrer "malgré les menaces". Juan Guaido, qui s'est autoproclamé président par intérim le 23 janvier et a été reconnu par une cinquantaine de pays, avait promis de rentrer "malgré les menaces" alors qu'il encourt une arrestation pour avoir bravé une interdiction de sortie du territoire vénézuélien. Une dizaine d'ambassadeurs avaient donc fait le déplacement à l'aéroport : "Nous sommes ici comme témoins de la démocratie et de la liberté afin que le président Guaido puisse rentrer", avait indiqué juste avant son arrivée le représentant de la France à Caracas, Romain Nadal.
Des milliers de partisans de l'opposition, vêtus de blanc et munis de drapeaux vénézuéliens, ont commencé à converger dans les principales villes du pays. Et près d'une heure après son arrivée à l'aéroport, Juan Guaido était acclamé dans les rues de Caracas où il a rejoint des milliers de personnes massées sur une place de la ville.
Venezuela's self-declared interim leader Juan Guaidó greeted by huge crowd of supporters as he arrives back in the country's capital, Caracashttps://t.co/Xkzd4MZoxypic.twitter.com/14P9oP9Q9g
— BBC News (World) (@BBCWorld) 4 mars 2019
Appel à manifester samedi. "Samedi on continue ! Tout le Venezuela se retrouvera dans la rue. Nous ne resterons pas une minute ni même une seconde tranquilles tant que nous n'aurons pas retrouvé la liberté", a-t-il lancé, appelant à manifester samedi contre le président Nicolas Maduro. "Malgré les menaces des groupes armés, je vous le demande : avez-vous une once de peur ? Nous voici, plus forts que jamais !" a-t-il répété en appelant à "rester mobilisés dans toutes les rues du Venezuela".
Théoriquement, Juan Guaido, en tant que président de l'Assemblée nationale, dispose de l'immunité parlementaire, mais il court le risque d'une arrestation pour avoir bravé une interdiction de sortie du territoire en se rendant il y a une dizaine de jours en Colombie, d'où il a entrepris une tournée dans quatre autres pays du continent. Dimanche soir, via les réseaux sociaux, il a prévenu le régime de Nicolas Maduro contre toute "tentative de l'enlever", qui constituerait selon lui "son ultime erreur".
Juan Guaido avait quitté clandestinement le Venezuela pour se rendre avec son épouse dans la Colombie voisine, d'où il a tenté d'organiser le passage d'une aide humanitaire finalement bloquée par les forces armées vénézuéliennes.
Il a aussi participé à Bogota à une réunion du groupe de Lima (13 pays d'Amérique Latine et le Canada) avant de se rendre au Brésil, au Paraguay, en Argentine et en Equateur - où il a été chaque fois accueilli en chef d'État.
Washington promet une "réaction rapide" à toute "menace" visant Guaido. Les États-Unis ont promis lundi une "réaction rapide" en cas de "menaces, violences ou intimidations" contre Juan Guaido, reconnu par Washington comme président par intérim. "Les États-Unis attachent la plus grande importance au retour au Venezuela de Juan Guaido en toute sécurité", a prévenu sur Twitter le vice-président américain Mike Pence.
Guaido devra "rendre des comptes à la justice", a prévenu Maduro. Son retour représente un défi pour le président socialiste en place, Nicolas Maduro, qui doit décider s'il l'arrête, au risque de provoquer une forte réaction internationale, ou s'il le laisse rentrer sans encombre et braver son autorité. Nicolas Maduro a répété ces derniers jours qu'en tant que chef du Parlement, son rival devait "respecter la loi", et que s'il rentrait au pays, il devrait "rendre des comptes à la justice".
Juan Guaido fait l'objet d'une enquête de la Cour suprême pour "usurpation" de pouvoir. Il est à ce titre interdit de sortie du territoire et a vu ses avoirs gelés, même s'il n'a pas jusqu'à présent été formellement mis en accusation.