Kiev restreint l'usage de Telegram par ses militaires et responsables pour raisons de sécurité

Kiev restreint l'usage de Telegram par ses militaires et responsables pour raisons de sécurité.
Kiev restreint l'usage de Telegram par ses militaires et responsables pour raisons de sécurité. © LEON NEAL / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP
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avec AFP
Le Conseil de défense et de sécurité nationale d'Ukraine a annoncé vendredi interdire l'usage de Telegram, messagerie très populaire fondée par le Russe Pavel Durov, sur les appareils électroniques de fonction de la plupart de ses militaires et responsables, suspectant les services russes d'accéder aux échanges.

Le Conseil de défense et de sécurité nationale d'Ukraine a annoncé vendredi interdire l'usage de Telegram, messagerie très populaire fondée par le Russe Pavel Durov, sur les appareils électroniques de fonction de la plupart de ses militaires et responsables, suspectant les services russes d'accéder aux échanges. "Il a été décidé d'interdire l'installation et l'utilisation de Telegram sur les appareils officiels des représentants du gouvernement, du personnel militaire, des employés du secteur de la sécurité et de la défense, ainsi que des entreprises exploitant des infrastructures critiques", a indiqué le Conseil dans un communiqué.

 

Un piratage fréquent

Les militaires "s'en servent souvent pour discuter des questions de travail" confidentielles, a commenté auprès de l'AFP un haut responsable ukrainien du secteur de sécurité, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. "C'est une grande source de fuites d'information, car Telegram est très facilement piraté" par les Russes, a-t-il expliqué.

Les salariés qui sont obligés de se servir de Telegram dans le cadre de leurs fonctions, notamment pour diffuser les communiqués officiels, ne sont toutefois pas concernés par cette règle, a précisé le Conseil, l'application étant un grand relais de communication de l'armée et des pouvoirs publics. Ce choix a été fait pendant une réunion sur "les menaces de sécurité nationale" représentées par l'application, a ajouté cette institution placée sous l'autorité de la présidence ukrainienne. Le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, a présenté des "informations étayées" montrant que les services de renseignement russes "ont accès à la correspondance personnelle des utilisateurs de Telegram, même aux messages supprimés, ainsi qu'à leurs données personnelles", selon le Conseil. Des représentants des services de sécurité ukrainiens ont de leur côté assuré que Telegram était utilisé par Moscou pour des cyberattaques ou encore pour géolocaliser des utilisateurs.

Très utilisé en Russie et en Ukraine

L'interdiction ne porte cependant que sur les appareils de fonction des militaires et responsables, et pas sur leurs outils privés. Les personnes concernées "ne devraient pas utiliser Telegram sur leur ordinateur au travail", a ensuite expliqué un responsable du Conseil, Andriï Kovalenko, dans un message posté, justement, sur Telegram. Le fondateur en 2013 et patron de la messagerie, Pavel Durov, a été arrêté en août en France et inculpé en raison de la publication de contenus illégaux sur l'application.

Le milliardaire russe de 39 ans, qui possède plusieurs autres passeports dont un français, n'a pour l'heure pas le droit de quitter la France. Durov est un libertarien revendiqué, chantre de la confidentialité d'internet mais controversé pour son refus de toute modération sur la messagerie. Moscou a d'ailleurs tenté de la bloquer en 2018, avant de renoncer. L'application s'est engagée officiellement à ne jamais dévoiler d'informations sur ses utilisateurs. Elle est extrêmement utilisée, en Russie, en Ukraine et dans de nombreux autres pays, pour des communications officielles ou privées.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky y publie quotidiennement des messages, comme ses ministres et les différentes branches de son armée. Côté russe, elle est employée aussi bien par le ministère de la Défense, les hauts responsables et les blogueurs pro-guerre que par les représentants de l'opposition en exil.