Déterminé, détaché, un sourire figé sur les lèvres, il prenait des photos de ses victimes en rigolant. Les témoignages des victimes de l'attentat de Sousse, en Tunisie, qui a fait 38 morts vendredi, concordent tous : au milieu de cette scène d'horreur, l'auteur de cette attaque meurtrière semblait comme halluciné, dans un état second. Une hypothèse que l'autopsie semble confirmer puisque des traces de drogue ont été retrouvées dans le corps de l'assaillant.
Le Captagon donne un sentiment de toute-puissance. Revendication de l'attentat par l'organisation Etat islamique (EI) oblige, les soupçons se tournent vers une substance particulière : le Captagon. Surnommé "la drogue de Daech" (l'autre nom de l'EI, Ndlr), ce dérivé des amphétamines a deux effets principaux sur le corps humain. Le Captagon altère la perception de la fatigue, qu'il amoindrit, et du plaisir, qu'il décuple. Sous l'emprise de ces pilules, les combattants de l'EI ne ressentent ni fatigue, ni douleur, mais plutôt un sentiment de toute-puissance qui désinhibe complètement. Plus de peur ni de sentiment d'écœurement devant l'horreur des combats.
Un moteur pour les combattants mais aussi un business pour l'EI. Cette drogue n'a rien de nouveau puisque la molécule à son origine existe depuis les années 60. Mais sa production en a été relancée par Daech pour deux raisons : pour doper ses combattants bien sûr, mais aussi parce que c'est une source de revenus énormes pour l'organisation terroriste. Un sac de 200.000 pilules coûte quelques milliers de dollars à la production mais se revend plus d'un million.
Une drogue également utilisée à des fins récréatives. S'il est utilisé à des fins guerrières, le Captagon peut aussi faire office de drogue récréative. En effet, il permet d'augmenter ses performances sexuelles, ce qui rend cette drogue très attrayante pour la jeunesse du Golfe notamment. Conséquence, 55 millions de pilules sont saisies chaque année en Arabie Saoudite.