Pékin et Bruxelles vont reprendre leurs échanges réguliers sur les questions macroéconomiques, a annoncé lundi le commissaire européen au Commerce, l'UE s'inquiétant d'un "accès inégal au marché" et Pékin de l'enquête européenne sur les subventions chinoises aux voitures électriques. "Nous sommes convenus de reprendre les échanges réguliers pour discuter des questions macroéconomiques, de relancer le dialogue économique et financier. Et le dialogue macroéconomique sera important à cet égard et nous attendons avec impatience ces dialogues dans les mois à venir", a déclaré le commissaire européen au commerce Valdis Dombrovskis, lors d'une conférence de presse conjointe avec le vice-Premier ministre chinois He Lifeng, à l'issue de discussions à Pékin.
L'inquiétude des entreprises européennes
"Les entreprises européennes sont inquiètes de la direction que prend la Chine", avait toutefois averti un peu plus tôt le commissaire, et "beaucoup d'entre elles s'interrogent sur leur place dans ce pays", en raison d'un "environnement commercial plus politisé".
"Cela s'est traduit par une moindre transparence, un accès inégal aux marchés publics, des discriminations sur les normes et exigences en matière de sécurité, ainsi que des exigences en matière de localisation et de transfert de données", avait-il ajouté. En visite pour quatre jours à l'occasion du Dialogue économique et commercial entre la Chine et l'Union européenne (UE), Valdis Dombrovskis s'exprimait alors face aux étudiants de la prestigieuse université Tsinghua de Pékin.
Le commissaire européen a cité les lois de sécurité nationale récemment approuvées en Chine. "La nouvelle loi sur les relations étrangères et la nouvelle version de la loi anti-espionnage inquiètent grandement notre communauté d'affaires", a-t-il souligné, car "leur ambiguïté laisse trop de marge d'interprétation".
"Perdant-perdant"
De son côté, le vice-Premier ministre chinois He Lifeng a réaffirmé le "fort mécontentement" de Pékin concernant l'enquête de l'UE annoncée le 13 septembre sur les subventions accordées par la Chine aux voitures électriques.
"La Chine exprime une fois de plus sa grande inquiétude et son profond mécontentement face au projet de l'UE de lancer une enquête anti-subventions sur les véhicules électriques chinois", a déclaré He Lifeng lors d'une conférence de presse conjointe avec Valdis Dombrovskis à Pékin. Le commissaire Dombrovskis a par ailleurs assuré que la Chine restait attractive pour les investissements des entreprises européennes. "L'UE et la Chine ont toutes deux énormément bénéficié de leur ouverture au monde", "c'est pourquoi je continuerai de défendre l'ouverture comme une stratégie gagnante sur le long terme".
Mais désormais, les entreprises européennes "se demandent si ce que beaucoup considéraient comme une relation 'gagnant-gagnant' au cours des dernières décennies pourrait devenir une dynamique 'perdant-perdant' dans les années à venir". Interrogé à ce sujet lors d'un briefing de presse régulier, Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a assuré que la Chine continuerait à "protéger les droits et intérêts légitimes des individus et organisations".
"Nous continuerons de fournir un environnement d'affaires tourné vers le marché, conforme à la loi et international pour les entreprises du monde entier qui opèrent légalement en Chine", a-t-il ajouté. "La Chine n'est pas source de risques (pour ces entreprises), mais plutôt une force ferme pour les prévenir et les désamorcer".
Ukraine
Le commissaire européen a également mis en garde la Chine sur un autre dossier pénalisant pour son image : le conflit en Ukraine. Le refus de Pékin de condamner l'invasion russe "nuit à l'image" de la Chine, a-t-il prévenu. "Il y a (...) un risque en termes de réputation pour la Chine" et cette posture "nuit à l'image du pays, non seulement vis-à-vis des consommateurs européens, mais aussi des entreprises".
"L'intégrité territoriale a toujours été un principe-clé pour la Chine dans la diplomatie internationale" et "la Chine a toujours plaidé pour que chaque pays soit libre de choisir sa propre voie de développement", a-t-il souligné. "Il est donc très difficile pour nous de comprendre la position de la Chine sur la guerre de la Russie contre l'Ukraine, car elle viole les principes fondamentaux de la Chine", a-t-il déclaré. La Chine et la Russie se considèrent comme des alliés stratégiques, les deux pays vantant fréquemment leur partenariat "sans limites" et leur coopération économique et militaire. Ils se sont encore rapprochés depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, que la Chine refuse de condamner.