La chrétienne Asia Bibi a quitté le Pakistan, plus de six mois après avoir été acquittée d'une condamnation à mort pour blasphème qui avait suscité l'indignation à l'étranger. Dawn, le quotidien en anglais le plus reconnu du pays, a titré qu'Asia Bibi avait "quitté le pays", en citant une source anonyme au ministère des Affaires étrangères pakistanais. L'information a été confirmée par le gouvernement pakistanais.
L'avocat de la chrétienne Saif ul Mulook, tout en admettant ne pas avoir parlé directement à sa cliente, a indiqué avoir compris après s'être entretenu avec ses propres "sources" qu'elle était au Canada, où ses filles ont fui il y a plusieurs mois, selon plusieurs sources diplomatiques. Justin Trudeau a refusé, pour des "raisons de sécurité", de confirmer son arrivée au Canada.
Un cas emblématique des dérives de la loi sur le blasphème au Pakistan
Asia Bibi avait été condamnée à mort pour blasphème en 2010, après avoir été accusée par deux villageoises musulmanes avec qui elle travaillait d'avoir "insulté le prophète" lors d'une querelle autour d'un verre d'eau. Son cas était devenu emblématique des dérives de la loi sur le blasphème au Pakistan, souvent instrumentalisée, selon ses détracteurs, pour régler des conflits personnels, via la diffusion de fausses accusations.
Cette quinquagénaire avait fini par être acquittée en octobre par la Cour suprême pakistanaise, la plus haute instance judiciaire du pays, après avoir passé plus de huit ans dans les couloirs de la mort. Cette décision avait provoqué des violences dans de nombreuses parties du Pakistan, où le blasphème est une question incendiaire. Cette même Cour suprême l'avait ensuite définitivement blanchie en janvier en rejetant un recours contre son acquittement. Le sort d'Asia Bibi a eu un retentissement international, attirant l'attention des papes Benoît XVI et François. Une de ses filles a rencontré ce dernier à deux reprises.