Le ton monte en Afrique du Sud. Depuis plusieurs jours, des milliers d'étudiants sud-africains protestent contre l'augmentation des frais de scolarité pour la rentrée prochaine. Le mouvement a pris de l’ampleur cette semaine, se propageant à plusieurs universités dans le pays. Jeudi, de nouveaux rassemblements ont eu lieu sur plusieurs campus.
Une augmentation nécessaire ? Les manifestants dénoncent l'augmentation des frais qui empêchera les étudiants les plus pauvres d'avoir accès à l'enseignement supérieur. Les responsables des universités assurent, de leur côté, qu'une hausse est nécessaire pour pouvoir offrir une meilleure qualité d'enseignement.
L'augmentation des frais varie selon les universités. A Witwatersrand, 10,5% d'augmentation étaient par exemple prévus alors que l'année universitaire coûte entre 29.620 rands, soit 1.930 euros et 58.140 rands, environ 3.800 euros, sans compter le logement ou les fournitures.
"Ce n'est pas une question de religion, de race ou d'appartenance politique, il s'agit juste de donner aux gens l'éducation qu'ils méritent", explique Judd Kroon, un étudiant de l'UCT. "En 1994, ils ont promis l'éducation gratuite et rien n'a été fait en ce sens", ajoute-t-il.
Une semaine mouvementée. Mercredi, la tension est montée d’un cran. Un groupe d'étudiants a réussi à s'introduire dans l'enceinte du bâtiment pourtant protégé par un important cordon policier. D’autres ont lancé des bouteilles sur les forces de l'ordre. La police les a dispersés à coups de grenades assourdissantes notamment.
Dans la foule en colère, certains étudiants brandissaient des pancartes "Fees must fall" (les frais de scolarité doivent baisser). Un slogan qui fait référence à la campagne "Rhodes must fall" menée avec succès en avril par les étudiants de l'Université du Cap (UCT) pour déboulonner la statue du colonisateur britannique Cecil John Rhodes.
30 personnes ont été arrêtées "suite à l'incident qui s'est produit devant le parlement. Elles vont probablement être poursuivies pour entrée illégale et violence sur la voie publique", a annoncé la police dans un communiqué.
La volonté d’apaisement de Zuma. Dans un geste d'apaisement, la présidence sud-africaine a de son côté annoncé jeudi que Jacob Zuma rencontrera, vendredi à Pretoria, "des responsables des universités et des représentants des étudiants (...) pour discuter de l'impasse provoquée par l'augmentation des frais de scolarité".
"Il est important que nous travaillions ensemble pour trouver des solutions. Tout le monde s'entend à reconnaître que les étudiants issus de milieux pauvres rencontrent des difficultés financières et pourraient être exclus" de l'université, a ajouté le président. Mais "toutes les parties doivent discuter d'une manière qui nous permettra de trouver une solution", a-t-il insisté.