Le leader nord-coréen Kim Jong Un a supervisé le tir d'essai d'un nouveau système d'armement qui augmentera l'efficacité de ses armes nucléaires tactiques, ont déclaré dimanche les médias d'État, couronnant les célébrations entourant l'anniversaire du fondateur du pays. Ce lancement est le dernier d'une série sans précédent de tests d'armes allant à l'encontre des sanctions cette année, notamment le tir d'un missile balistique intercontinental à pleine portée (ICBM) le mois dernier. La nouvelle arme tactique guidée "est d'une grande importance pour améliorer radicalement la puissance de feu des unités d'artillerie à longue portée et renforcer l'efficacité de l'exploitation des armes nucléaires tactiques", a déclaré l'agence de presse officielle KCNA.
KCNA a ajouté que le test était réussi, sans préciser la date exacte ni l'endroit où ce tir d'essai a été effectué. L'état-major des forces armées sud-coréennes avait indiqué avoir détecté deux projectiles lancés tard samedi, qui ont volé sur une distance de 110km à 25km d'altitude avec une vitesse d'environ Mach 4. Les États-Unis ont indiqué être "au courant" de la déclaration nord-coréenne faisant état de ce test et qu'elles surveillaient la situation, a déclaré un porte-parole du Pentagone.
Des photos publiées par le journal Rodong Sinmun montraient un Kim souriant, entouré de responsables en uniforme et applaudissant alors qu'il regardait ce qui était décrit comme le tir d'essai de l'arme. Le leader a donné à l'équipe de recherche militaire "des instructions importantes sur la poursuite du renforcement des capacités de défense et des forces de combat nucléaires", a encore ajouté l'agence KCNA.
Missile balistique à courte portée
Selon les analystes, l'arme serait un nouveau missile balistique à courte portée, mais non moins important. "Ce test d'un vecteur nucléaire tactique intervient alors que se multiplient les indices quant à d'importants travaux de reconstruction sur le site d'essais nucléaires de Punggye-ri en Corée du Nord", a déclaré Ankit Panda, chercheur principal au Carnegie Endowment for International Peace. L'imagerie satellite a montré des signes d'une nouvelle activité dans un tunnel du site de Punggye-ri, lequel, selon la Corée du Nord, a été démoli en 2018 avant le premier sommet Trump-Kim.
Vendredi, la Corée du Nord a célébré les 110 ans du dirigeant fondateur de la Corée du Nord, le grand-père de Kim, Kim Il Sung, avec une immense procession publique, des feux d'artifice et des danses synchronisées - mais pas de défilé militaire comme l'avaient prédit de nombreux observateurs. Les analystes et les responsables sud-coréens et américains avaient également estimé qu'un essai nucléaire était possible lors de cet important anniversaire. Ces célébrations ont eu lieu trois semaines après le grand test de missile balistique intercontinental jamais réalisé par Pyongyang, une première depuis 2017.
Lors d'un congrès clé du parti en janvier 2021, Kim a présenté un plan quinquennal de développement de la défense, appelant au développement d'une technologie nucléaire supérieure et à la fabrication d'armes nucléaires plus petites et plus légères pour des "utilisations plus tactiques". Ces remarques signalent un retour aux essais nucléaires et la rare présence de Kim au lancement d'un missile à courte portée, une première depuis plus de deux ans, suggère une "signification particulière", selon Panda.
Vers un septième essai ?
L'essai du mois dernier a marqué la fin d'un moratoire auto-imposé sur les essais à longue portée et nucléaires, qui avaient été suspendus après la rencontre entre Kim et le président américain de l'époque, Donald Trump. Selon des responsables et des analystes, la Corée du Nord pourrait effectuer son septième essai nucléaire dans les semaines à venir. Les images satellites ont montré des signes d'une nouvelle activité dans un tunnel du site d'essais nucléaires de Punggye-ri, qui, selon la Corée du Nord, a été démoli en 2018 avant le premier sommet Trump-Kim.
La Corée du Nord a testé des armes nucléaires à six reprises depuis 2006 et a vanté le succès de sa dernière et la plus puissante en 2017, une bombe à hydrogène d'une puissance estimée à 250 kilotonnes. Avec un nouvel essai nucléaire, les experts estiment que Pyongyang cherchera à miniaturiser les ogives nucléaires à monter sur ses missiles balistiques intercontinentaux (ICBM). Des responsables sud-coréens ont déclaré que Pyongyang pourrait encore organiser un défilé militaire ou effectuer un essai d'armes le ou vers le 25 avril, date anniversaire de la fondation de l'Armée populaire coréenne.
Cet anniversaire coïncide avec les exercices militaires conjoints entre Séoul et Washington, qui doivent commencer lundi. La Corée du Sud et les États-Unis organisent régulièrement des manœuvres militaires, mais Pyongyang a régulièrement protesté contre ces exercices en dénonçant des préparatifs pour une guerre.