Après plus de trois mois de discussions, la France et l'Allemagne ont fini par lâcher du lest. Les deux pays les plus peuplés d'Europe ont accepté jeudi d'accueillir une partie des demandeurs d'asile qui arrivent quotidiennement aux frontières de l'Union. Paris et Berlin se sont engagés à ouvrir leurs portes à 21.000 réfugiés sur les 60.000 qui doivent être répartis entre les pays membres de l'Union européenne.
La France "fidèle à ses valeurs". Dans le détail, la France accueillera 9.100 personnes et l'Allemagne 12.100, principalement des Syriens et des Erythréens, ce qui correspond peu ou prou aux demandes de la Commission. Les deux pays s'étaient pourtant dans un premier temps opposés à la répartition que Bruxelles envisageait d'imposer, avant de privilégier le volontariat des Etats pour l'accueil des réfugiés.
"Principe nécessaire de solidarité". Pierre Henri, directeur de l'ONG France Terre d'Asile se réjouit d'ailleurs de la décision : "Quand la France est fidèle à ses valeurs, on ne peut que se réjouir. Et en même temps, on peut s'étonner que la France ait mis plus de deux mois à accepter cette proposition de la Commission européenne qui est un principe nécessaire de solidarité entre les Vingt-Huit pour répondre à une crise migratoire jamais vue depuis la fin de la Seconde guerre mondiale".
En effet, le nombre de réfugiés et déplacés dans le monde a atteint l'an dernier 59,5 millions. Un chiffre qui n'a jamais été aussi élevé depuis la moitié du XXe siècle. "Sur la seule Italie, il arrive près de 200.000 personnes en une année", rappelle le directeur de l'ONG, qui considère donc que la proposition française "est une contribution à la générosité mesurée face au problème qui est face à nous".
D'autres pays peuvent suivre. A l'issue d'une réunion des ministres européens de l'Intérieur, le ministre français Bernard Cazeneuve et son homologue allemand Thomas de Maizière ont annoncé que "quelques" autres pays allaient décider "dans les prochains jours" de leur contribution à l'accueil des migrants. Fin juin, les Vingt-Huit s'étaient entendus sur le principe d'une répartition volontaire des 60.000 migrants que l'Union s'est engagée à accueillir ou régulariser.