L'Agence européenne de sécurité aérienne (EASA) a décidé mardi de fermer l'espace aérien européen aux Boeing 737 MAX 8 et 9, deux jours après le crash d'un appareil d'Ethiopian Airlines de la même famille, a-t-elle annoncé sur son site.
Elle indique suspendre, "à partir de 19h00 GMT" (20 heures heure française), tous les vols de ces appareils, qu'ils soient à destination, au départ, ou à l'intérieur de l'Union européenne, que les opérateurs soient européens ou issus de pays tiers. L'Agence dit prendre de cette manière "toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des passagers", après qu'un grand nombre de pays européens ont déjà interdit leurs espaces aériens aux appareils de l'avionneur américain.
De nombreux pays ont déjà fermé leur espace aérien
Plus tôt dans l'après-midi, la France a décidé d'interdire les Boeing 737 MAX dans son espace aérien. "Compte tenu des circonstances de l'accident en Éthiopie, les autorités françaises ont pris la décision, à titre conservatoire, d'interdire tout vol commercial effectué sur un Boeing 737 MAX à destination, au départ ou survolant le territoire français", avaient indiqué la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC). Elle précisait également que "les compagnies aériennes françaises ne disposaient "d'aucun Boeing 737 MAX dans leur flotte"
La DGAC décide de l’interdiction à titre conservatoire
— dgac (@DGAC) 12 mars 2019
des BOEING 737 MAX
dans l’espace aérien français pic.twitter.com/NYnc9o61Wt
De nombreux autres pays européens avaient déjà annoncé plus tôt mardi la suspension jusqu'à nouvel ordre de tous les vols de Boeing 737 Max dans leur espace aérien, comme le Royaume-Uni, l'Irlande, l'Italie, l'Autriche, la Pologne et les Pays-Bas. D'autres pays ont également pris une telle mesure, comme la Malaisie et Singapour, ainsi que le sultanat d'Oman, le Koweït, les Emirats arabes unis ou encore l'Australie. L'Allemagne a pour sa part décidé de fermer son espace aérien aux Boeing 737 MAX 8 et 9 pour une durée de trois mois.
Les pays qui suspendent les vols
La Chine. Le Bureau chinois de l'aviation civile a demandé aux compagnies aériennes nationales de suspendre les vols de leurs Boeing 737 Max 8 jusqu'à confirmation par les autorités américaines et Boeing des "mesures prises pour garantir avec efficacité la sécurité des vols". Un total de 76 Boeing de la famille 737 MAX ont été livrés à une dizaine de compagnies aériennes chinoises, dont Air China, Hainan Airlines et Shanghai Airlines.
L'Indonésie. L'Indonésie, dont la compagnie Lion Air a perdu un Boeing 737 max 8 le 29 octobre 2018 avec 189 personnes à son bord, a décidé dès lundi d'immobiliser sa flotte de Boeing 737 MAX 8. Dix Boeing 737 Max 8 sont exploités par la compagnie indonésienne à bas prix Lion Air et un autre par la compagnie nationale Garuda.
L'Inde. Le ministère de l'Aviation civile indien a annoncé à son tour mardi avoir cloué au sol la flotte de Boeing 737 MAX du pays. "Ces avions ne voleront pas tant que des modifications appropriées et des mesures ne seront pas prises pour assurer leur sécurité", a indiqué le ministère sur Twitter.
Le ministère des Transports de la Corée du Sud a lui aussi annoncé l'immobilisation des deux appareils de la compagnie locale à bas prix Eastar Jet dans l'attente des résultats d'une inspection, tandis que l'autorité de l'aviation civile de Mongolie a ordonné au transporteur national Mongolian Airlines de clouer au sol l'unique 737 MAX 8 de sa flotte.
Les compagnies aériennes qui immobilisent leurs appareils
Ethiopian Airlines. La compagnie aérienne Ethiopian Airlines avait annoncé dès lundi l’immobilisation de tous ses Boeing 737 MAX après le crash d'un de ses appareils dimanche. La compagnie éthiopienne dispose de quatre appareils et a passé commande de 29 autres.
Norwegian Air Shuttle. Mardi, la compagnie à bas coûts Norwegian Air Shuttle, qui exploite 18 Boeing 737 MAX, a annoncé à son tour la suspension "jusqu'à nouvel ordre" de ses vols avec cet appareil. "En réponse à la suspension temporaire par de multiples autorités aériennes des opérations avec le Boeing 737 MAX, nous avons pris la décision de ne pas opérer de vols avec ce genre d'appareil, jusqu'à ce que les autorités aériennes concernées fournissent d'autres indications", a déclaré le chef des opérations de Norwegian, Tomas Hesthammer.
Turkish Airlines. La compagnie turque est venue allonger cette longue liste mardi après-midi. "Jusqu'à ce que l'incertitude entourant la sécurité pendant le vol des appareils 737 MAX soit éclaircie, nous retirons à compter du 13 mars les appareils (de ce modèle) de nos vols commerciaux", a déclaré le patron de la compagnie Bilal Eksi sur son compte Twitter.
D'autres compagnies aériennes, comme Tuifly (Allemagne, 15 avions), Icelandair (Islande, 3 avions), Gol (Brésil, 7 avions), Aeromexico (Mexique, 6 avions), Comair (Afrique du Sud, 1 avion), Cayman Airways (Îles Caïmans, 2 avions) ainsi que la compagnie argentine Aerolineas Argentinas, ont également immobilisé leurs Boeing 737 MAX 8.
Les États-Unis maintiennent leur confiance à Boeing. Les États-Unis, eux, maintiennent leur confiance en Boeing. "Nous continuons à être impliqués dans l'enquête sur l'accident et prendrons les décisions sur les suites à donner en fonction des éléments récoltés", a indiqué une porte-parole de la FAA, l'agence fédérale de l'aviation. Donald Trump et Dennis Muilenburg, patron de Boeing, se sont entretenus par téléphone mardi, selon une source à l'AFP, et Dennis Muilenburg aurait assuré à l'occupant de la Maison-Blanche que le 737 MAX 8 était "sûr" et "fiable".
Pour autant, la panique gagne les personnels navigants et les passagers outre-Atlantique, un grand nombre refusant désormais d'embarquer à bord de cet avion. Les lignes téléphoniques des services clients de SouthWest Airlines et d'American Airlines sont saturées d'appels de clients inquiets de savoir si leur vol est effectué avec un 737 MAX 8. Ils demandent le cas échéant un changement de vol ou une annulation, parfois avec frais.