Pour se faire entendre, elle a décidé d'entreprendre une action radicale. Pascale Descamps, dont la fille de 31 ans et ses quatre enfants sont actuellement retenus dans le camp de Al Roj en Syrie, a tout tenté pour les faire rapatrier par les autorités françaises, en vain. En désespoir de cause, elle a décidé d'entamer une grève de la faim. Interrogé par Europe 1, son avocat appelle les autorités à faire preuve "d'humanité et de bienveillance".
"Cette femme entreprend cette démarche car elle est à bout", témoigne Me Emmanuel Daoud, rappelant que la France "a signé et ratifié plusieurs conventions internationales de protection des enfants". Et d'ajouter : "On ne fait rien, et je ne me l'explique pas."
"Aucun risque de trouble à l'ordre public"
"Est-ce que c'est du cynisme ? De la peur de la réaction négative d'une partie de l'opinion publique ?", interroge l'avocat, selon qui "les outils juridiques existent, la logistique existe". Pour Me Emmanuel Daoud, "si l'on veut respecter les conventions internationales, mais aussi faire preuve d'humanité, de bienveillance, la seule réponse possible est d'organiser le rapatriement humanitaire de cette jeune femme qui se meurt, et bien évidemment avec ses enfants, pour qu'ils puissent être pris en charge par la protection sociale de l'enfance".
Ce rapatriement, insiste-t-il, ne comporte "aucun risque de trouble à l'ordre public", ni un risque "que sa fille puisse s'échapper, puisque un mandat d'arrêt international a été lancé contre elle". Cette dernière "sera soignée et ensuite incarcérée, le temps que sa responsabilité éventuelle soit examinée par les juges d'instruction saisis de son dossier".
La France applique une stratégie du cas par cas
Au total, environ 200 enfants français, dont la plupart ont moins de six ans, vivent encore dans des camps du nord-est de la Syrie, selon l’ONU. Parmi ces enfants de djihadistes, la France en a rapatrié 35 depuis l’effondrement de l’Etat islamique, il y a deux ans.
Paris applique une politique du "cas par cas". Les orphelins de père et de mère peuvent être rapatriés, mais pour les enfants dont un des parents est encore en vie, il faut leur autorisation. C’était par exemple le cas de quatre mineurs revenus en France mi-janvier, dont les mères ont donné leur accord pour s’en séparer.
Les associations humanitaires dénoncent les conditions de vie insalubres et dangereuses dans ces camps de tentes. De leur côté, l’ONU, l’Unicef et la Croix-Rouge, entre autres, dénoncent régulièrement l’attitude de la France, et réclament le rapatriement de tous les enfants français détenus en Syrie.