La pause dans l'administration du vaccin anti-Covid Johnson & Johnson aux Etats-Unis est prolongée d'au moins une semaine, un groupe d'experts réunis mercredi ayant dit avoir besoin de plus de temps pour évaluer ses possibles liens avec la formation de graves caillots sanguins. Un groupe d'experts s'est réuni à la demande des Centres américains de lutte et de prévention des maladies (CDC), principale agence américaine de santé publique, après la découverte de six cas de femmes, dont une est décédée, ayant développé des cas graves de caillots sanguins en association avec des bas niveaux de plaquettes après leur injection, aux Etats-Unis.
Les experts veulent identifier plus de données
Le vaccin Johnson & Johnson a déjà été administré à 7,5 millions de personnes aux Etats-Unis, et un septième cas, celui d'une femme de 28 ans, a été évoqué pendant la réunion. Les experts auraient pu décider d'une restriction du vaccin à certaines parties de la population, mais la plupart d'entre eux ont déclaré avoir besoin d'étudier plus de données avant de trancher.
"Je ne veux pas qu'on laisse penser qu'il y a quelque chose de fondamentalement mauvais avec ce vaccin", a déclaré Beth Bell, présidente du groupe d'experts. "Mais je veux être capable de comprendre et de défendre la décision que j'ai prise sur la base d'une quantité raisonnable de données", a-t-elle ajouté. La date de la prochaine réunion n'a pas été fixée, mais devrait se tenir d'ici sept à dix jours.
Une femme de 45 ans décédée
Certains membres du groupe se sont prononcés contre le maintien de cette pause, craignant qu'elle n'ait un impact plus fort sur les groupes vulnérables, plus faciles à atteindre avec ce vaccin à dose unique pouvant être conservés dans les réfrigérateurs. Mais la majorité a considéré qu'étant donné la gravité des caillots sanguins, qui peuvent avoir des conséquences neurologiques dévastatrices même quand ils ne sont pas mortels, et en tenant compte des importants stocks d'autres vaccins disponibles, une étude plus poussée était nécessaire. Selon des présentations faites au groupe, les six premiers cas identifiés concernaient tous des femmes blanches sans antécédents de caillots sanguins, et l'une prenait un traitement contraceptif oral à base d'oestrogène/progestérone.
La femme décédée avait 45 ans, et trois des femmes avaient également des caillots sanguins à l'extérieur cerveau. Même si le lien avec le vaccin n'a pas été démontré, les scientifiques le considèrent comme la "cause probable" de ce phénomène. Les symptômes sont similaires aux rares effets secondaires observés après l'administration du vaccin AstraZeneca en Europe, a précisé Rochelle Walensky, directrice des CDC, avant la réunion.
La technologie de l'adénovirus surveillée
La technologie recourant à un adénovirus pour vecteur, utilisée par les deux vaccins ainsi que par le russe Spoutnik V et le chinois CanSino, est désormais surveillée. Les individus ayant déjà reçu le vaccin Johnson & Johnson doivent contacter leur médecin s'ils ressentent certains symptômes, comme des migraines, des douleurs abdominales, dans les jambes, ou des difficultés respiratoires. Il a par ailleurs été conseillé aux médecins de ne pas traiter ce type de caillots sanguins avec les anticoagulants habituels, comme l'héparine, qui s'est révélée dangereuse dans cette situation.
Les experts pourraient, lors de la prochaine réunion, recommander le vaccin Johnson & Johnson uniquement aux plus âgés. Risquant plus de développer une forme grave du Covid-19, il est dans leur intérêt d'être vacciné malgré les possibles effets secondaires. Mais les autorités américaines ont souligné qu'elles disposaient d'assez de vaccins Moderna et Pfizer pour répondre aux besoin de la population adulte d'ici la fin du mois de juillet, ce qui pourrait leur permettre de se passer du sérum Johnson & Johnson.