Des experts du monde entier doivent rendre vendredi leur diagnostic sur l'état de la biodiversité de la planète, confrontée à la sixième extinction d'espèces de plantes et d'animaux de son existence, la première depuis la disparition des dinosaures. "Si nous continuons ainsi, oui, la sixième extinction, la première causée par les humains, va se poursuivre!", a averti Robert Watson, président de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) qui réunit ces spécialistes à Medellin, en Colombie. "La bonne nouvelle, c'est (...) qu'il n'est pas trop tard", a-t-il toutefois précisé, à la veille du lancement de quatre énormes rapports de l'IPBES portant sur les Amériques, l'Afrique, l'Asie-Pacifique et l'Europe-Asie centrale. Durant trois ans, quelque 600 chercheurs ont travaillé bénévolement sur ces évaluations régionales, qui synthétisent les données d'environ 10.000 publications scientifiques. Le résultat final couvre la totalité de la Terre, hormis les eaux internationales des océans et l'Antarctique.
Disparition des dinosaures. Avant cette 6ème session, l'IPBES a d'ores et déjà averti que la Terre est confrontée à une "extinction massive" d'espèces, la première depuis la disparition des dinosaures il y a environ 65 millions d'années et la sixième en 500 millions d'années. Deux espèces de vertébrés ont ainsi disparu en moyenne chaque année depuis un siècle. Une autre est sur le point de disparaître avec la mort récente de Sudan, célèbre rhinocéros blanc du Kenya et dernier mâle de son espèce, décimée par le braconnage et dont il ne reste que deux femelles. Allant des transports à l'éducation, en passant par l'agriculture, ces "résumés" ne sont pas contraignants. Ce sont des "suggestions", a toutefois préciséla secrétaire exécutive de l'IPBES, Anne Larigauderie.
Dérèglement du climat. Selon le WWF, entre un quart et la moitié des espèces de 33 régions du monde parmi les plus riches en biodiversité pourraient être menacées d'ici 2080 par le dérèglement du climat. Lundi, l'IPBES lancera un cinquième rapport, le premier du genre sur l'état des sols du monde, de plus en plus dégradés par la pollution, la déforestation, l'exploitation minière et des pratiques agricoles non durables qui les appauvrissent. En inaugurant cette réunion au sommet le 17 mars, le président colombien Juan Manuel Santos avait souligné que "ce qui arrive à l'un arrive à tous." "Si nous en sommes conscients, nous pourrons être plus responsables en matière de protection de l'environnement et de préservation de la paix", a-t-il déclaré, dont le pays émerge peu à peu de plus d'un demi-siècle de conflit armé.