La Russie a affirmé dimanche avoir déjoué des attaques "massives" de drones ukrainiens dans la nuit ayant visé 14 de ses régions et la capitale Moscou, quelques jours après des frappes d'ampleur de l'armée russe contre des infrastructures énergétiques ukrainiennes. L'Ukraine explique régulièrement que ces tentatives de frappes sur le sol russe contre des cibles militaires ou des sites aidant les forces russes ont pour but de dérégler la logistique de ces dernières, en représailles aux attaques quotidiennes que les villes et la population ukrainiennes subissent depuis février 2022.
158 drones ont été envoyés et la plupart d'entre eux ont été abattus au-dessus des régions de Koursk
"Il est tout à fait justifié que les Ukrainiens répondent à la terreur russe par tous les moyens nécessaires pour y mettre fin", a martelé dimanche le président Volodymyr Zelensky sur Facebook. Selon le ministère russe de la Défense, 158 drones ont été envoyés et la plupart d'entre eux ont été abattus au-dessus des régions de Koursk, Briansk, Voronej et Belgorod, proches de l'Ukraine. Selon le maire de Moscou Sergueï Sobianine, dix drones ont visé différents quartiers de la capitale.
Les autorités russes ont notamment fait état d'un incendie à la raffinerie de pétrole de Kapotnia, propriété du géant énergétique Gazprom dans le sud-est de Moscou. Selon Sergueï Sobianine, le sinistre a été causé par la chute d'un drone abattu qui a atteint un bâtiment technique. Le maire de Moscou a plus tard assuré que l'incendie à la raffinerie de pétrole avait été localisé et qu'il n'y avait "pas de menaces pour les personnes ou le fonctionnement de l'usine".
Dans la région de Tver, au nord-ouest de la capitale russe, cinq drones ont pris pour cible la zone où est située la centrale électrique de Konakovo et provoqué un sinistre qui a été rapidement maîtrisé, selon le gouverneur Igor Roudenya. Un responsable local de la région de Moscou, Mikhail Chouvalov, a affirmé que trois drones avaient tenté de toucher la centrale électrique au charbon de Kachira. "Il n'y a ni victimes ni dégâts" et les installations n'ont pas pris feu, a-t-il écrit sur Telegram.
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Ce n'est pas la première fois que la capitale - et sa région - sont la proie d'opérations ukrainiennes de ce type, même si celles-ci restent rares. Le 21 août, Moscou avait subi "l'une des plus importantes" attaques en provenance d'Ukraine, selon Sergueï Sobianine, un proche du président russe Vladimir Poutine. À l'été 2023, des engins avaient ainsi été détruits au-dessus du quartier d'affaires de cette ville, et, en mai 2023, deux appareils avaient subi le même sort au niveau du Kremlin.
La situation autour de Pokrovsk était "difficile"
Ce raid de drones est intervenu quelques jours après que les infrastructures énergétiques de l'Ukraine ont été la cible de plus de 200 drones et missiles russes, dans le cadre de l'une des plus importantes attaques de ce type depuis le début de l'offensive russe il y a plus de deux ans et demi. Cela fait en outre près d'un mois que l'Ukraine a déclenché une offensive d'ampleur dans la région frontalière russe de Koursk, prenant le contrôle de cent localités d'après Kiev, tandis que les troupes russes poursuivent en parallèle leur poussée dans l'est du territoire ukrainien.
Dans la ville de Belgorod et dans ses environs, onze personnes, dont deux enfants, ont été blessées au cours d'une attaque ukrainienne dimanche après-midi, et des dégâts d'ampleur ont été causés à des immeubles d'habitation et des maisons, selon le gouverneur Viatcheslav Gadkov. Parallèlement, dans la région orientale ukrainienne de Donetsk, les forces russes avancent en direction de Pokrovsk, un noeud logistique d'importance pour Kiev et cible prioritaire pour elles.
L'armée russe a revendiqué dimanche la prise de la localité de Ptitchié, à une vingtaine de kilomètres de Pokrovsk, en plus de la conquête de Viïmka, près de Siversk. Le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, a d'ailleurs admis le même jour que la situation autour de Pokrovsk était "difficile", assurant que les troupes russes avaient "un avantage numérique et (en termes) d'armes".
Un bombardement russe a fait au moins trois morts et neuf blessés dans la région, près de Kourakhové, a par ailleurs affirmé le gouverneur régional, Vadym Filachkine.
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La ville de Kharkiv touchée
Plus au nord, le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Synegoubov, a annoncé qu'une frappe russe sur cette ville avait fait, d'après un dernier bilan, au moins 47 blessés, dont sept enfants. Le Palais des Sports, un bureau de poste et un centre commercial ont notamment été touchés, a-t-il raconté. L'attaque a causé "des destructions de grande ampleur et des incendies" et des personnes "pourraient se trouver sous les décombres", ont souligné les services de secours,
Un photographe de l'AFP a vu des secouristes assistés d'un chien recherchant des survivants dans les ruines du Palais des Sports et transportant un blessé sur un brancard. Volodymyr Zelensky a rapidement dénoncé sur les réseaux sociaux un bombardement ayant eu pour but de "terroriser" la population civile, appelant de nouveau ses alliés occidentaux à "donner à l'Ukraine tout ce dont elle a besoin pour se défendre".
Le président ukrainien réclame inlassablement davantage de missiles de longue portée pouvant frapper le sol russe en profondeur et ainsi limiter les attaques quotidiennes de l'armée de Moscou contre les villes et les infrastructures énergétiques d'Ukraine.