L'armée russe a annoncé jeudi avoir repris dix localités dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes avaient avancé sur plus de 1.000 km2 début août, une contre-offensive qui se déroule au moment où le secrétaire d'État américain Antony Blinken est en Pologne pour discuter des moyens d'aider l'Ukraine.
Antony Blinken est arrivé à Varsovie après une visite à Kiev, où il a promis d'examiner "d'urgence" les demandes militaires de l'Ukraine, qui veut notamment obtenir l'autorisation de frapper en profondeur le territoire russe avec des missiles occidentaux. Le gouvernement ukrainien n'a de cesse de dénoncer les lenteurs des Américains et des Européens sur le sujet.
Les principales informations :
- L'armée russe reprend dix localités dans la région de Koursk
- Volodymyr Zelensky dénonce la lenteur des Occidentaux sur une éventuelle levée des restrictions sur l'utilisation de leurs armes
- Trois morts dans une frappe russe contre des véhicules du CICR, le Comité international de la Croix-Rouge
- Un missile russe a touché un cargo de blé en mer Noire, selon Volodymyr Zelensky
Les premiers succès militaires revendiqués par l'armée russe dans la région de Koursk
À Moscou, le ministère de la Défense a annoncé que les forces russes avaient "libéré 10 localités en deux jours" lors d'"opérations offensives" dans la région de Koursk, où les troupes ukrainiennes s'étaient emparées d'une centaine de localités à l'occasion d'une attaque surprise début août. Il s'agit des premiers succès militaires revendiqués par l'armée russe dans cette zone.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé au même moment qu'une contre-offensive russe était en cours dans cette région frontalière, tout en assurant que cette réplique était "conforme au plan ukrainien", sans apporter davantage de précisions.
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Trois employés du CICR tués, un cargo transportant du blé en mer Noire touché par un missile
Le front était globalement gelé dans la région de Koursk depuis les premières avancées ukrainiennes. Kiev avait déclenché cette offensive notamment pour tenter de contraindre l'armée russe à se détourner de son assaut dans l'est de l'Ukraine, jusqu'ici sans succès. L'essentiel des combats continue en effet de se dérouler dans le Donbass, où les soldats russes ont l'avantage et se rapprochent toujours plus de la ville stratégique de Pokrovsk.
C'est dans cette région orientale que trois personnes ont été tuées jeudi dans une frappe russe sur des véhicules du Comité international de la Croix-Rouge, selon Volodymyr Zelensky. Le CICR a confirmé la mort de trois de ses employés, tandis que deux autres ont été blessés. Le président ukrainien a par ailleurs affirmé qu'un missile russe avait touché jeudi soir en mer Noire un cargo transportant du blé à destination de l'Egypte.
Kiev critique les "retards" des Occidentaux
À Varsovie, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a rencontré les dirigeants polonais après un voyage en train de nuit à partir de l'Ukraine, où il s'était entretenu mercredi avec Volodymyr Zelensky et d'autres responsables aux côtés de son homologue britannique David Lammy.
Ces déplacements interviennent à un moment où l'Ukraine réclame de pouvoir frapper en profondeur la Russie avec les missiles de longue portée occidentaux qui lui ont été fournis. Signe de son impatience, Volodymyr Zelensky a critiqué jeudi "le retard" des Occidentaux sur la question. Ces délais ont "conduit à ce que la Russie déplace ces cibles militaires plus en profondeur", a-t-il souligné.
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Mais, jusqu'ici, les Américains n'ont pas autorisé Kiev à tirer librement sur des cibles en Russie, de crainte d'une escalade avec Moscou. "Nous nous adapterons si nécessaire, notamment en ce qui concerne les moyens dont dispose l'Ukraine pour se défendre efficacement contre l'agression russe", a éludé Antony Blinken jeudi dans la capitale polonaise. La veille à Kiev, il avait promis d'examiner "d'urgence" les demandes ukrainiennes. "La victime d'une agression a le droit de se défendre", a plaidé de son côté le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski.
Entretien Biden-Starmer ce vendredi
Le président Joe Biden, qui hésite à prendre des mesures susceptibles de déclencher un conflit direct entre la Russie et les États-Unis, tous deux dotés de l'arme nucléaire, et le Premier ministre britannique Keir Starmer doivent s'entretenir vendredi.
La Russie, qui est accusée d'avoir récemment reçu des missiles balistiques de la part de l'Iran, a promis une réponse "appropriée" en cas de feu vert à des frappes en profondeur sur son sol. "Nous n'avons aucun doute quant au fait que la décision de lever les restrictions sur l'utilisation d'armes de longue portée pour attaquer le territoire russe a été prise il y a longtemps", a déclaré jeudi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.
Ni eau, ni gaz à Pokrovsk
Antony Blinken doit également discuter à Varsovie de l'appel lancé mercredi par le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, aux pays voisins à abattre les missiles et les drones russes lorsqu'ils survolent les régions occidentales de l'Ukraine. Sur le front dans l'est de l'Ukraine, la situation continue de se dégrader à Pokrovsk, un important nœud logistique sous la menace d'un assaut des troupes russes, qui se trouvent à moins de dix kilomètres de là.
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L'eau courante y a été coupée en raison des combats, a annoncé jeudi la mairie de cette ville qui comptait près de 53.000 habitants avant la guerre. Le gouverneur régional Vadim Filachkine a quant à lui signalé la destruction du système d'approvisionnement en gaz. "Chaque jour qui passe, il y a de moins en moins de magasins (ouverts) à Pokrovsk et les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles", a souligné Vadim Filachkine. "La situation est difficile et ne s'améliorera pas dans un avenir proche", a renchéri la mairie, exhortant une nouvelle fois les habitants de la cité à l'évacuer.