Une trêve fragile est entrée en vigueur dimanche à 23h30, heure locale, entre le groupe armé palestinien Djihad islamique et Israël, après une médiation de l'Egypte. L'armée israélienne avait dit avoir mené des frappes sur des positions du Jihad islamique à Gaza, "en réponse à des roquettes tirées" vers le sud du territoire israélien. Mais, qu'est-ce que le Jihad islamique ? En quoi est-il bien différent du Hamas ?
"Le Jihad est un électron libre"
Troisième organisation palestinienne derrière le Fatah et le Hamas, le Djihad islamique palestinien a été lancé au Caire, en Égypte, puis à Gaza, par une poignée de jeunes étudiants palestiniens et d’intellectuels entre 1979 et 1981. Proches au départ de l’idéologie des Frères musulmans, ses fondateurs se réclament à la fois du nationalisme et de l’islamisme, pour les mettre au service de la cause palestinienne.
"Le Hamas, lui, doit contrôler tout un territoire. Il est ancré dans l'ensemble de la Cisjordanie et de Gaza, donc c'est une organisation qui a un support important auprès de la population palestinienne", souligne sur Europe 1 Jean Paul Chagnollau, président de l’institut des recherches sur le Moyen-Orient. "Et à côté, le Djihad est un groupe minoritaire qui n'a pas de véritable implantation mais qui a des groupes très radicaux, très actifs et populaires auprès d'une certaine jeunesse qui est désespérée à la fois par l'occupation et évidemment par l'absence de toute perspective politique.
"Le Hamas ne semble pas, à ce jour, vouloir soutenir le Djihad"
"Le Djihad islamique est un peu un électron libre, par rapport au Hamas. Le Hamas, pour l'instant, ne souhaite pas du tout suivre cette voie. En tout cas, maintenant, il a besoin de se restructurer, de se ressourcer après les affrontements qui ont eu lieu il y a un peu plus d'un an", poursuit le spécialiste, pour qui la trêve entre le Jihad et Israël a de bonnes chances de tenir. "Le Hamas ne semble pas, à ce jour, vouloir soutenir le Djihad et s'embarquer dans une confrontation armée contre Israël", souligne-t-il. "Donc, il est bien possible que tout ceci se termine prochainement, mais ce n'est pas du tout certain, bien entendu".
Enfin, selon le spécialiste, il y a un point très important : cet affrontement s'inscrit aussi "dans la situation d'instabilité politique d'Israël qui va avoir une cinquième élection en quatre ans". Et par conséquent, Yaïr Lapid, qui est le Premier ministre, "joue beaucoup dans cette affaire, puisqu'il faut qu'il réussisse à montrer qu'il est très fort en terme de sécurité, sinon il risque de perdre le pouvoir lors des prochaines élections qui auront lieu à l'automne".