Les deux camps se jettent la balle. Le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, a accusé vendredi la Turquie de saboter l'accord de cessez-le-feu dans le nord de la Syrie, en empêchant le retrait des combattants FDS de la ville de Ras al-Aïn.
Annoncé mercredi, l'accord négocié par Washington "contient un point essentiel stipulant l'ouverture d'un couloir sous le parrainage des Etats-Unis", a affirmé le commandant kurde Mazloum Abdi dans un entretien téléphonique avec l'AFP. Mais les "Turcs empêchent le retrait du secteur de Ras al-Aïn, ils empêchent la sortie de nos forces, des blessés et des civils", a-t-il poursuivi. "Les Turcs continuent d'attaquer nos forces et les Américains portent l'entière responsabilité de ces attaques car ils ne font pas pression sur la Turquie", a ajouté Mazloum Abdi.
Un peu plus tôt, la Turquie avait elle aussi accusé les forces kurdes de violer la trève annoncée jeudi dans le nord de la Syrie, qui impliquait un retrait de ces dernières de la région en échange de l'arrêt de l'offensive turque. "Les forces armées turques respectent totalement l'accord" négocié jeudi avec les Etats-Unis, avait déclaré le ministère de la Défense turc dans un communiqué. "Malgré cela, des terroristes (la Turquie qualifie ainsi les forces kurdes) ont mené un total de 14 attaques dans les dernières 36 heures".
Erdogan veut "écraser (d)es têtes"
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a même menacé samedi d'"écraser les têtes" des combattants kurdes dans le nord-est de la Syrie s'ils ne s'en retirent pas dans le délai expirant mardi. "Dès que le délai de 120 heures expire, nous reprendrons là où nous nous étions arrêtés et continuerons à écraser les têtes des terroristes", a déclaré Recep Tayyip Erdogan dans un discours, se référant au délai de cinq jours prévu dans un accord turco-américain conclu jeudi pour un retrait des forces kurdes.
Alors qu'un cessez-le-feu a été annoncé jeudi soir, avec une trêve de cinq jours, 14 civils ont été tués ce vendredi lors de bombardements des forces d'Ankara, selon une ONG. Tirs artillerie et bombardements se sont en effet poursuivis sur tous les points clés de la ligne de front même si les combats ont baissé en intensité. Des quartiers d'habitations civiles et un hôpital ont notamment été touchés.