L'administration Biden a discrètement annoncé jeudi qu'elle voulait ajouter une nouvelle section au mur frontalier avec le Mexique pour tenter de limiter les arrivées de migrants, reprenant à son compte une mesure phare de l'ancien président Donald Trump. Le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador a aussitôt qualifié cette décision de "pas en arrière". "Elle ne résout pas le problème, nous devons nous attaquer aux causes" de l'immigration illégale, a-t-il déclaré.
"Il existe un besoin d'empêcher les entrées illégales"
L'information a abondamment été commentée aux États-Unis aussi, Joe Biden ayant affirmé le jour de son entrée en fonctions en janvier 2021 que le contribuable ne payerait plus pour la construction d'un mur à la frontière. "Construire un mur massif sur toute la frontière sud n'est pas une solution politique sérieuse", avait dit Joe Biden.
Mais jeudi, son gouvernement a indiqué qu'une vingtaine de lois fédérales, comme des législations sur l'environnement et les espèces protégées, devraient être suspendues pour permettre la construction de cette nouvelle portion.
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"Il existe actuellement un besoin aigu et immédiat de construire des barrières physiques et des routes à proximité de la frontière des États-Unis afin d'empêcher les entrées illégales", a déclaré le ministre de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, dans un avis officiel publié par le registre fédéral des États-Unis.
La nouvelle section sera érigée dans la vallée du Rio Grande, secteur qui connaît un "grand nombre d'entrées illégales" à la frontière entre les deux pays, a précisé Alejandro Mayorkas. Plus de 245.000 tentatives d'entrées illégales y ont été enregistrées sur une dizaine de mois jusqu'à début août, a-t-il affirmé. Alejandro Mayorkas a indiqué que les fonds pour "les barrières physiques supplémentaires" viendraient d'une dotation approuvée par le Congrès dans ce but précis en 2019, quand Donald Trump était au pouvoir.
"Joe Biden s'excusera-t-il auprès de moi" se demande Donald Trump
L'immigration illégale est un problème politique croissant pour Joe Biden, candidat à sa réélection en 2024 et accablé par les républicains qui l'accusent de laxisme. Récemment, l'administration fédérale a failli connaître un "shutdown" (une paralysie de ses services) en raison de désaccords entre les deux camps: l'aile droite du Parti républicain s'oppose en effet au déblocage de fonds supplémentaires pour l'Ukraine envahie par la Russie, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
Donald Trump, rival de Joe Biden et favori de la droite pour la prochaine présidentielle, n'a pas manqué de réagir. L'annonce de l'administration Biden montre que "j'avais raison quand j'ai construit 900 km (...) d'un mur frontalier tout beau, tout neuf", a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social. "Joe Biden s'excusera-t-il auprès de moi et de l'Amérique pour avoir mis si longtemps à bouger et avoir permis que notre pays soit inondé de 15 millions d'immigrants illégaux, venant de lieux inconnus"?, a-t-il ajouté.
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Les commentaires se sont également multipliés chez les élus républicains. "Quand il s'est porté candidat à la présidence, Biden a juré de ne jamais construire un nouveau centimètre de mur le long de la frontière sud. Aujourd'hui Biden accélère la construction d'environ 32 kilomètres de nouveau mur. Joe se rend enfin compte que les murs, ça marche", a persiflé Marsha Blackburn, sénatrice du Tennessee, sur X (anciennement Twitter).
Du côté des militants pour l'environnement, Laiken Jordahl, du Centre pour la biodiversité, a qualifié l'annonce du gouvernement Biden de "démoralisante", regrettant que le président "écarte nos lois de protection de l'environnement pour construire des murs frontaliers inefficaces et qui tuent la faune".