La guerre en Ukraine conduit l’Europe sur le chemin de l’armement. L’Allemagne a désormais l’ambition de devenir la première armée d’Europe. Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, est attendu ce jeudi à Berlin pour s’entretenir avec son homologue allemand. Objectif : le convaincre de faire davantage avec les Français et moins avec les Américains.
Ce déplacement intervient une semaine après une sortie remarquée du chef d’État-major de l’armée allemande : "Je veux des matériels qui volent, qui roulent et qui sont disponibles sur le marché", a-t-il dit. "Pas de développement de solutions européennes qui, au final, ne marchent pas."
100 milliards d'euros pour moderniser l'armée allemande
Il faisait référence au système de combat aérien du futur, le SCAF, ainsi que le char de combat du futur. Deux programmes européens qui patinent. Or, les Allemands ont déjà annoncé un fonds de 100 milliards d’euros pour la rénovation de l’armée. Ils veulent des armes là, tout de suite, maintenant.
Les Allemands se sont donc tournés vers les Américains à qui ils ont commandé 35 avions de chasse F35, enterrant quasiment en même temps l’idée d’une Europe de la Défense.
Une montée en puissance regardée de près par la France
Cette montée en puissance de l’armée allemande est scrutée de très près par les armées françaises. Car c'est l’ensemble de l’équilibre franco-allemand qui est bouleversé avec cet objectif de l’armée allemande : devenir la première armée conventionnelle d’Europe. Les regards se portent surtout outre-Atlantique. Une des craintes est que les Américains investissent massivement le champ allemand et que cette première armée européenne ne devienne en réalité américaine.
"Même si elle sera sans doute bien équipée, on ne voit pas comment les Allemands vont pouvoir aguerrir leurs soldats en si peu de temps", relativise-t-on dans les États-majors français. Reste que plusieurs sources au sein des armées s’inquiètent de voir revenir sur le théâtre européen une armée allemande très forte. "On ne peut pas dire que ça nous ait réussi au siècle dernier", ironise-t-on.
Même si depuis, la France s’est dotée d’une assurance-vie avec la dissuasion nucléaire.