Les députés allemands sont appelés à adopter jeudi une résolution reconnaissant le génocide arménien, un vote contesté avec véhémence par la Turquie, partenaire clé mais difficile notamment sur la question cruciale de la crise migratoire en Europe.
"Extermination quasi-totale". L'Arménie a elle appelé les élus à ne pas se laisser "intimider" avant le vote de la mi-journée sur ce texte intitulé "Souvenir et commémoration du génocide des Arméniens et d'autres minorités chrétiennes il y a 101 ans". Ce projet a toutes les chances d'être adopté, les groupes parlementaires de la majorité (les conservateurs de la CDU/CSU et le SPD) ainsi que les Verts, formation de l'opposition, l'ayant proposé.
Dans ce texte, le Bundestag, chambre basse du Parlement allemand, "déplore les actes commis par le gouvernement Jeune Turc de l'époque, qui ont conduit à l'extermination quasi-totale des Arméniens". Le Bundestag regrette aussi "le rôle déplorable du Reich allemand qui, en tant que principal allié militaire de l'empire ottoman (...) n'a rien entrepris pour stopper ce crime contre l'Humanité".
Menace. Ce vote risque de venir compliquer des relations déjà tendues avec Ankara notamment sur l'application d'un accord controversé entre l'Union européenne et la Turquie, porté par Berlin, qui a permis de réduire considérablement l'afflux de migrants en Europe. Le président turc Recep Tayyip Erdogan menace de ne pas appliquer ce pacte, faute d'obtenir à ses conditions une exemption de visas Schengen pour ses concitoyens.
Pour la Turquie, une "guerre civile". La résolution du Bundestag constitue un pas supplémentaire vers une reconnaissance officielle en Allemagne du génocide des Arméniens, après que le président allemand a, le premier, utilisé le terme de génocide pour qualifier les massacres commis contre les Arméniens en 1915. Les Arméniens estiment que 1,5 million des leurs ont été tués de manière systématique à la fin de l'Empire ottoman. Nombre d'historiens et plus de vingt pays, dont la France, l'Italie et la Russie, ont reconnu un génocide. La Turquie affirme pour sa part qu'il s'agissait d'une guerre civile, doublée d'une famine, dans laquelle 300 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.