L'ambassadrice d'Italie en France a été convoquée lundi au ministère français des Affaires étrangères après des propos du vice-président du Conseil italien, Luigi Di Maio, accusant la France "d'appauvrir l'Afrique" et d'aggraver la crise migratoire, a indiqué une source gouvernementale.
Des propos "inacceptables et sans objet" pour le gouvernement français. Le directeur de cabinet de la ministre chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, a convoqué l'ambassadrice d'Italie (Teresa Castaldo) à la suite des propos inacceptables et sans objet tenus par des autorités italiennes hier", a-t-on indiqué au cabinet de la ministre.
Luigi Di Maio a souhaité dimanche que l'Union européenne prenne "des sanctions" contre les pays qui, à commencer par la France, sont selon lui à l'origine du drame des migrants en Méditerranée en les "faisant partir" d'Afrique. "Si aujourd'hui il y a des gens qui partent, c'est parce que certains pays européens, la France en tête, n'ont jamais cessé de coloniser des dizaines de pays africains", a insisté Luigi Di Maio, chef politique du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème) qui gouverne avec la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini.
Selon Luigi Di Maio, qui est aussi ministre du Développement économique, "il y a des dizaines de pays africains où la France imprime une monnaie, le franc des colonies et avec cette monnaie elle finance la dette publique française". "Si la France n'avait pas les colonies africaines, parce que c'est ainsi qu'il faut les appeler, elle serait la 15e puissance économique mondiale alors qu'elle est parmi les premières grâce à ce qu'elle est en train de faire en Afrique", avait-il argué.
Les polémiques se multiplient entre la France et l'Italie. Les relations entre Paris et Rome sont extrêmement tendues depuis l'arrivée au pouvoir de l'extrême-droite alliée aux antisystème en Italie en juin 2018. Luigi Di Maio et le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini ont par exemple apporté de façon très démonstrative leur soutien aux "gilets jaunes". Matteo Salvini a aussi accusé le président français de gouverner "contre son peuple" et enfoncé le clou en allant jusqu'à souhaiter son départ ("Plus vite il rentre chez lui, mieux ça vaut !", a-t-il lancé).
Le gouvernement italien réclame également à Paris l'extradition de 14 Italiens recherchés pour terrorisme depuis les "années de plomb" et en fuite en France.