Dans la foulée des déclarations d'Emmanuel Macron, en hommage au professeur Samuel Paty, sur la culture française du dessin et de la caricature, des appels au boycott des produits français ont été lancés sur les réseaux sociaux. Cinq ou six pays musulmans, parmi lesquels la Turquie, le Koweït ou le Qatar, sont concernés. Le Quai d'Orsay a appelé dimanche soir les gouvernements à faire cesser les appels au boycott. Mais quelles conséquences aurait-il sur notre économie s'il était appliqué ? Europe 1 a enquêté.
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Posture symbolique
Au Qatar ou au Koweït, les appels au boycott ont pu aboutir au retrait de fromages, de crèmes ou de cosmétiques des rayons de certains supermarchés. Les fromages Kiri et Babybel ont par exemple été ciblés au Koweït.
Si le ministre français du commerce extérieur Franck Riester a évoqué dimanche soir des "impacts impossibles à chiffrer pour le moment", cette mesure est essentiellement symbolique, selon le maître de conférences à Sciences Po Frédéric Encel : "C’est tout à fait secondaire sur le plan économique et diplomatique", explique-t-il au micro d'Europe 1, soulignant néanmoins la possibilité d'un effet d'entrainement généré par les réseaux sociaux.
"La réalité, c'est l'économie"
De fait, de nombreuses barrières au boycott rendent l'entreprise difficile. En Turquie, où la France exporte essentiellement des produits industriels - notamment Airbus ou pièces pour la construction automobile - "les habitudes des entreprises sont tellement importantes que ça va au-delà du monde politique", affirme Stéphane Salvetat, secrétaire-général de la Chambre de commerce Franco-Turque. De plus, les exportations de produits industriels avaient nettement baissé l'année dernière, du fait de la crise économique que traverse la Turquie, il est donc difficile d’envisager un nouveau plongeon. "Le monde politique parle souvent fort, mais la réalité, c'est l'économie."
Concernant les produits alimentaires, certaines particularités du marché rendent le boycott assez improbable. Des groupes saoudiens détiennent ainsi certains entreprises productrices, comme l'usine de Châteaulin dans le Finistère, faisant de l’Arabie saoudite le seul exportateur de poulets français dans les pays arabes. A noter également que l'appel au boycott peut conduire à des sanctions au niveau européen. Or, les pays arabes entretiennent des échanges très importants avec l'Union européenne.