L'armée israélienne a annoncé dimanche son intention d'observer jusqu'à nouvel ordre une pause dans ses opérations dans une zone du sud de Gaza pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien dévasté par plus de huit mois de guerre et menacé de famine. Après huit mois de bombardements incessants et intenses sur la bande de Gaza, le nord et le centre du territoire palestinien connaissent depuis dimanche matin un moment de répit, sans informations sur des raids ou combats, selon des correspondants de l'AFP. Mais des tirs et une frappe ont touché Rafah (sud).
"C'est soudain calme depuis ce matin, ni coups de feu, ni bombardement, c'est étrange", confie Haïti al-Ghouta, 30 ans, à Gaza-ville (nord), espérant que cela présage d'un cessez-le-feu permanent. Mais l'armée a tenu à souligner, que malgré "la pause tactique", "il n'y a clairement pas de cessation des hostilités dans le sud de Gaza et les opérations à Rafah se poursuivent".
Les informations à retenir :
- L'armée israélienne va observer jusqu'à nouvel ordre une pause dans ses opérations dans une zone du sud de Gaza
- L'objectif est de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien
- La situation est un peu plus calme dans la bande de Gaza ce dimanche matin
- 11 soldats israéliens ont été tués à Gaza samedi, dont huit dans l'explosion d'une bombe
La pause a été annoncée au lendemain de la mort de 11 soldats israéliens dont huit dans l'explosion d'une bombe dans la bande de Gaza, où la guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas le 7 octobre. Elle "sera observée de 08H00 à 19H00 (05H00 à 16H00 GMT) tous les jours et jusqu'à nouvel ordre", dans la zone allant de Kerem Shalom, passage dans le sud d'Israël jusqu'à la route Salaheddine à Gaza puis vers le nord du territoire palestinien, selon l'armée.
Kerem Shalom est situé à la lisière sud de Gaza. Une carte publiée par l'armée montre la route humanitaire déclarée s'étendant jusqu'à l'hôpital européen de Rafah, à 10 km de Kerem Shalom. La pause a été décidée pour permettre une "augmentation du volume d'aide humanitaire entrant dans Gaza", a dit l'armée.
"Pertes terribles"
L'ONU "salue" cette mesure mais demande que cela "conduise à d'autres mesures concrètes" pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, a indiqué Jens Laerke, le porte-parole de l'agence onusienne pour les situations d'urgence (Ocha). L'organisation internationale a constamment affirmé que les aides sont très difficilement acheminées et distribuées à la population qui manque d'eau, de nourriture et de médicaments, en raison des bombardements, des combats et des restrictions israéliennes. "La personne qui a pris la décision d'instaurer une pause alors que nos soldats tombent au combat est maléfique et stupide (...)", a dénoncé le ministre israélien d'extrême droite Itamar Ben Gvir.
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Samedi, l'armée a annoncé la mort de huit militaires dont le véhicule blindé a été "touché par l'explosion d'une bombe" à Rafah, de deux militaires dans le nord de Gaza et d'un autre qui a succombé à ses blessures, l'un des pires bilans pour l'armée en une seule journée. "Nos cœurs sont brisés devant ces pertes terribles", a réagi le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Mais "nous devons nous en tenir aux objectifs de la guerre : détruire les capacités du Hamas, récupérer tous nos otages, faire en sorte que Gaza ne constitue plus une menace pour Israël." Son ministre de la Défense Yoav Gallant doit se rendre bientôt à Washington.
Le 7 octobre, des terroristes du Hamas infiltrés de Gaza dans le sud d'Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l'armée. En représailles, l'armée israélienne a lancé une offensive de grande envergure à Gaza qui a fait 37.296 morts, majoritairement des civils, selon des données du Hamas.
"Un Aïd complètement différent"
Alors que les musulmans dans le monde célèbrent le premier jour de l'Aïd al-Adha, les Palestiniens de Gaza n'ont pas le cœur à la fête. Dimanche à Gaza-ville, des dizaines de fidèles ont prié devant la mosquée al-Omari, endommagée par les bombardements israéliens. D'autres Palestiniens se sont recueillis près des tombes de leurs proches tués dans la guerre.
"L'Aïd est complètement différent" cette année, confie à l'AFP Oum Mohammad al-Katri, dans le camp de réfugiés de Jabalia proche de Gaza. "Nous avons perdu beaucoup de gens, il y a beaucoup de destructions. Et je suis en deuil, j'ai perdu mon fils." La bande de Gaza, assiégée par Israël, est en proie à une crise humanitaire majeure, où 75% des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre et où la population est menacée de famine selon l'ONU.
Exigences contradictoires
Malgré les efforts de médiation internationaux, les espoirs d'un cessez-le-feu semblent s'éloigner en raison des exigences contradictoires d'Israël et du Hamas. Le président américain Joe Biden a annoncé le 31 mai un plan qui prévoit dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages retenus à Gaza et de la libération de Palestiniens emprisonnés par Israël.
Il a présenté ce plan comme émanant d'Israël. Mais Benjamin Netanyahu l'a jugé incomplet, réaffirmant sa détermination à poursuivre la guerre jusqu'à la défaite du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l'Union européenne. Joe Biden a accusé le Hamas de bloquer l'offre.
Selon une source proche des discussions, le Hamas a exigé des "amendements" au plan, incluant "un calendrier pour un cessez-le-feu permanent et le retrait total israélien de Gaza". Des conditions qu'Israël a toujours rejetées.