Laurent Fabius : "L'accord de Paris, ce n'est pas assez"

"Le tableau est sombre et nécessite des actions encore plus fortes et rapides", s'inquiète notamment Laurent Fabius.
"Le tableau est sombre et nécessite des actions encore plus fortes et rapides", s'inquiète notamment Laurent Fabius. © THOMAS SAMSON / AFP
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T.M.
Alors que s’ouvre lundi la COP22 au Maroc, Laurent Fabius, l'un des principaux artisans de l'accord de Paris, s'inquiète de la situation climatique actuelle, dans une interview au "JDD".

"Nous ne regardons plus ailleurs. Nous agissons dans la foulée de l’accord de Paris. Mais notre maison continue de brûler. Et il y a même alerte rouge". Alors que l'accord de Paris sur le climat est entré en vigueur vendredi et que s'ouvre lundi la COP22 de Marrakech, Laurent Fabius appelle à accélérer la lutte contre le réchauffement climatique, dans une interview au Journal du dimanche.

"Le tableau est sombre". S'il n'est plus au cœur des négociations climat, l'actuel président du Conseil constitutionnel "continue à suivre de près ces questions vitales". "En m’appuyant sur mon expérience, je souhaite d’ailleurs dès l’an prochain promouvoir l’idée d’un pacte mondial pour l’environnement", confie-t-il. "Car les chiffres et les réalités restent très inquiétants. Si l’on ajoute les propos climato-populistes de Donald Trump – qu'il juge par ailleurs 'aveuglément consternant', ndlr - et de quelques autres, le tableau est sombre et nécessite des actions encore plus fortes et rapides."

"Appliquer concrètement cet accord et accélérer". Une manière pour l'ancien Premier ministre de dire que l'accord de Paris n'est pas suffisant. "L'accord de Paris est une réussite exceptionnelle mais ce n’est pas assez", juge-t-il ainsi. "La détérioration climatique risque d’être plus forte et plus rapide que ce que la plupart imaginent. Il faut donc à la fois appliquer concrètement cet accord et accélérer : la prochaine grande étape doit être 2018. Heureusement, il existe des signes très positifs. L’entrée en vigueur rapide de l’accord, avant la COP22 de Marrakech, en est un."

Au Maroc, du 7 au 18 novembre, il sera question de son application. Sachant que la température moyenne de la planète a déjà gagné près de 1°C - et encore bien plus en Arctique ou en Méditerranée - le temps est compté, répètent les climatologues.