Il n’est pas chef d’Etat mais son influence dépasse celle d’un simple leader religieux. Le dalaï-lama arrive en France lundi et doit en repartir le 18 septembre. La première visite depuis cinq ans sur le territoire français. Le 14e chef spirituel des Tibétains, prix Nobel de la paix en 1989, passera deux jours à Paris puis quatre jours à Strasbourg. Il vient en France à l'invitation de la fédération du bouddhisme tibétain. Mais quel est exactement son rôle ?
Dalaï-lama, qu’est-ce que ça veut dire ? Le dalaï-lama signifie "océan de sagesse". Dans le bouddhisme tibétain, il représente la ligne de réincarnation de Chenrezig, bodhisattva de la compassion, l’équivalent d’un saint. C’est la plus haute autorité spirituelle du Tibet. Agé de 81 ans, l’actuel dalaï-lama, de son vrai nom Tenzin Gyatso, est né en 1935 d’une famille pauvre des hautes plaines du nord du Tibet. C’est à l’âge de 4 ans que des moines ont vu en lui la réincarnation du 12e dalaï-lama.
La fin d’un pouvoir temporel… Depuis le 17e siècle et jusqu’en 2011, le dalaï-lama, en plus de son pouvoir spirituel, était aussi le chef d’Etat du Tibet. Mais le 10 mars 2011, Tenzin Gyatso a renoncé à exercer ce pouvoir en faveur du Premier ministre et d’un gouvernement démocratique élu. Il avait ce jour-là beaucoup surpris en déclarant qu’il remettrait en cause l’institution et qu’un conseil devrait se réunir le jour de ses 90 ans, en 2025, pour discuter de sa raison d’être. Depuis lors, le dalaï-lama ressemble davantage à un ambassadeur du Tibet.
…mais une grande influence spirituelle et morale dans le monde. S’il n’exerce donc plus aucun pouvoir politique, le dalaï-lama a une aura toute particulière. En 1959, il doit fuir secrètement son pays alors occupé par la Chine depuis dix ans et trouve refuge en Inde. L’homme a reçu le prix Nobel de la paix en 1989. Véritable icône mondiale, il parcourt le monde pour délivrer un message de paix et de tolérance. En 2008, le magazine américain Time l’avait classé premier sur la liste des cent personnes les plus influentes au monde.
L’ombre chinoise. Mais le dalaï-lama est aussi très surveillé par la puissance chinoise. Ce qui explique la frilosité des politiques à le recevoir. Aucun responsable gouvernemental français n’a pris le risque de s’entretenir avec lui. Seuls des parlementaires français au Sénat, à l’invitation du groupe d’information pour le Tibet au Sénat, le recevront. Même Sciences Po a finalement annulé une conférence qu’il devait donner. Dans un entretien au Monde, le dalaï-lama ne s’en émeut cependant pas. "Où que j’aille, je ne souhaite pas créer de malaise pour les dirigeants. En fait, le but de mes visites n’est pas de rencontrer des responsables politiques mais le public, les gens. Je n’ai rien à dire aux officiels. Je préfère parler du bonheur", assure-t-il.