Le décollage du vaisseau Starliner de Boeing a été annulé samedi à moins de quatre minutes du moment du lancement, en raison d'un problème technique n'étant pas clairement identifié dans l'immédiat, a annoncé la Nasa. Il s'agit du deuxième report du décollage en moins d'un mois pour cette mission, qui doit permettre à Starliner de transporter pour la première fois des astronautes de la Nasa vers la Station spatiale internationale (ISS).
Le décollage était prévu samedi à 12H25 de Cap Canaveral en Floride (16H25 GMT). Les astronautes de la Nasa Butch Wilmore et Suni Williams, deux vétérans de l'espace, étaient installés à bord de la capsule Starliner placée au sommet d'une fusée Atlas V du groupe ULA. Mais le compte à rebours a été stoppé au dernier moment par un système s'étant enclenché automatiquement, pour une raison encore inconnue, a expliqué la Nasa. Les équipes de ULA, Boeing et la Nasa ont ensuite commencé à mettre la fusée dans une configuration sécurisée afin que les deux astronautes puissent en sortir.
Un nouveau revers
Des dates de repli pour le décollage sont théoriquement possibles dimanche, ainsi que mercredi ou jeudi prochain, mais l'analyse du problème rencontré devra être réalisée avant de pouvoir annoncer une nouvelle date. La Nasa a commandé il y a dix ans aux entreprises américaines Boeing et SpaceX deux nouveaux véhicules pour acheminer ses astronautes jusqu'à la Station spatiale (ISS). SpaceX joue déjà ce rôle de taxi spatial depuis quatre ans.
Déjà ébranlé par des problèmes de sécurité sur ses avions, Boeing joue ainsi sa réputation sur cette mission test, qui doit servir à démontrer que son vaisseau est sûr avant de commencer les missions régulières vers l'ISS. Pour la Nasa, l'enjeu est également grand: disposer d'un deuxième véhicule lui permettrait de pouvoir mieux gérer d'éventuelles situations d'urgence.
L'annulation samedi est un nouveau revers pour cette mission, qui a déjà pris des années de retard. Début mai, le décollage avait déjà été annulé au dernier moment à cause d'un problème sur une valve de la fusée, qui a depuis été changée. Une petite fuite d'hélium a ensuite été découverte sur l'un des propulseurs du vaisseau. Mais Boeing et la Nasa avaient décidé de ne pas la réparer, ce qui nécessiterait de démonter Starliner.
"Nous pensons vraiment que nous pouvons gérer cette fuite", a déclaré vendredi Steve Stich, responsable du programme commercial des vols habités à la Nasa. Elle ne s'est pas agrandie durant les préparatifs pour le vol samedi matin, a fait savoir l'agence. Ces contretemps n'étaient que les derniers d'une série de mauvaises surprises.
En 2019, lors d'un premier test sans équipage, le vaisseau n'avait pas pu être placé sur la bonne trajectoire et était revenu sans atteindre l'ISS. Puis en 2021 un problème de valves bloquées sur la capsule avait entraîné le report d'une nouvelle tentative. Le véhicule vide avait finalement réussi à atteindre l'ISS en mai 2022. D'autres problèmes découverts ensuite, notamment sur les parachutes freinant la capsule lors de son retour dans l'atmosphère, avaient de nouveau engendré des retards.
Tester des nouveaux véhicules
Butch Wilmore, 61 ans, et Suni Williams, 58 ans, se sont déjà rendus deux fois dans l'ISS, chacun à bord de l'ancienne navette spatiale américaine puis d'un vaisseau russe Soyouz. Mais il s'agit cette fois de tester un tout nouveau véhicule, dont cet exemplaire a été baptisé Calypso, en hommage au navire du commandant Cousteau. Tous deux venus de l'US Navy, ils ont activement participé à son développement.
Le vaisseau doit par ailleurs emporter avec lui un équipement ajouté à la dernière minute: de quoi réparer le système permettant de recycler l'urine des astronautes en eau dans l'ISS. Une pompe a subitement cessé de fonctionner cette semaine, et l'urine doit être stockée à bord en attendant, mais ces capacités sont limitées. Seule une poignée de vaisseaux américains ont transporté des astronautes par le passé.
Après l'arrêt des navettes spatiales en 2011, les astronautes de la Nasa ont dû voyager à bord des vaisseaux russes Soyouz. C'est pour mettre fin à cette dépendance qu'en 2014, l'agence spatiale américaine a passé un contrat de 4,2 milliards de dollars avec Boeing et de 2,6 milliards avec SpaceX pour le développement de nouveaux vaisseaux. A la surprise générale, SpaceX a largement battu Boeing en acheminant ses premiers astronautes jusqu'à l'ISS dès 2020. Une fois Starliner opérationnel, la Nasa souhaite alterner entre les vols de SpaceX et Boeing.