Le dollar au plus bas depuis un an face à l'euro et la livre

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Le dollar a perdu du terrain mercredi et poussé l'euro jusqu'à un sommet qui n'a plus été atteint depuis juillet 2023. Il lâche également la livre sterling.

Le dollar a poursuivi sa glissade incontrôlée, mercredi, bousculé par un mauvais indicateur, témoin d'une économie américaine moins fringante qu'imaginé, augmentant la probabilité d'une série de baisses de taux à brève échéance. Vers 20H00 GMT, le billet vert cédait 0,21% face à la monnaie unique, à 1,1154 dollar pour un euro. Il lâchait également 0,43% devant la devise britannique, à 1,3090 dollar pour une livre sterling.

Plus tôt, le "greenback" est descendu à son plus bas niveau depuis le 20 juillet 2023 contre l'euro et depuis le 18 juillet de la même année face à la livre. Le "buck" a perdu de l'altitude après la publication d'un rapport du ministère américain du Travail. Ce dernier a révélé que, d'avril 2023 à mars 2024, l'économie américaine avait créé 818.000 emplois de moins qu'initialement annoncé.

"Le marché du travail semble en moins bonne santé que prévu", a commenté Jeffrey Roach, de LPL Financial. "Cette faiblesse pourrait ouvrir la voie pour que la Fed (banque centrale américaine) baisse son taux directeur d'un demi-point en septembre."

 

Les opérateurs accordent désormais à ce scénario une probabilité de près de 40%, contre 3% seulement il y a un mois. Une telle réduction trancherait avec le calibrage habituel des changements de taux, qui se font traditionnellement par quart de point. L'impression a été confirmée par le compte-rendu de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Fed, publié mercredi également.

Il laisse penser, selon Ryan Sweet, d'Oxford Economics, que "le débat n'est plus de savoir si la banque centrale va, ou non, réduire ses taux en septembre, mais de déterminer avec quelle vigueur". Selon le compte-rendu, une "vaste majorité" des membres du comité ont ainsi estimé qu'il serait opportun de raboter le taux directeur si les indicateurs s'inscrivaient dans la tendance récemment observée.

"Plus d'avantage"

Le marché attend les prises de parole des différents banquiers centraux qui seront présents au symposium de Jackson Hole (Wyoming), à partir de jeudi. Le président de la Fed, Jerome Powell, doit prendre la parole vendredi.

"Moins de quatre semaines avant la prochaine réunion (de la Fed), les 17 et 18 septembre, c'est le moment idéal pour donner son évaluation des développements économiques" récents, qui ont donné lieu à de fortes inquiétudes sur les marchés, note Philip Marey, de Rabobank. "Le marché est de plus en plus convaincu que s'en est fini de l'inflation (élevée) et que la Fed peut progressivement ramener ses taux à 3%", contre une fourchette de 5,25% à 5,50% actuellement, a expliqué Adam Button, de ForexLive.

"Et quand on y sera, les États-Unis n'auront plus d'avantage particulier en termes de taux d'intérêt", poursuit-il, alors qu'ils profitent, depuis des mois, de rendements obligataires parmi les plus élevés au sein des pays industrialisés, ce qui a attiré massivement les cambistes et les investisseurs en général.

Pour Adam Button, s'ajoute à cela la percée, dans les sondages, de la candidate démocrate à la présidentielle Kamala Harris. "Cela rend plus probable l'hypothèse d'une absence de majorité au Congrès", décrit-il. "Si cela se concrétisait, certaines des mesures de soutien à l'économie arriveraient à expiration" sans être prolongées par les parlementaires américains, "ce qui pénaliserait la croissance" des États-Unis, selon Adam Button.

"Nous continuons à penser que le marché s'est emballé, une fois de plus, en intégrant l'idée d'un assouplissement monétaire à marche forcée", tempèrent les analystes de Brown Brothers Harriman. "Ceux qui spéculent contre le dollar pourraient être pris de court par une éventuelle communication moins accommodante que prévu de Jerome Powell, vendredi", ont-ils prévenu.

"Nous continuons de penser que la divergence des trajectoires économiques (entre les États-Unis et les autres économies développées) reste d'actualité", assure Brown Brothers Harriman, "et devrait continuer à soutenir le dollar."