Le financement du programme de Donald Trump divise les républicains au Congrès

La Chambre des représentants doit se prononcer sur une résolution pour établir une feuille de route budgétaire afin d'adopter les mesures phares du programme de Donald Trump. Un programme qui divise le camp républicain et les divisions affichées mettent déjà en péril la mise en place de certaines promesses de campagne.
La Chambre américaine des représentants se prononce mardi sur une résolution qui établirait une feuille de route budgétaire pour adopter les mesures-phares de Donald Trump. Mais les dissensions dans le camp républicain sur l'étendue de certaines coupes menacent de faire capoter le texte.
Baisse des dépenses publiques fédérales de 2.000 milliards de dollars sur les 10 prochaines années
D'un côté, les tenants conservateurs d'une orthodoxie budgétaire pour qui toute nouvelle dépense publique doit être compensée par des réductions équivalentes. De l'autre, des élus républicains plus modérés, qui s'inquiètent du risque électoral de sabrer dans certains programmes publics très populaires.
L'adoption de la résolution mardi ouvrirait la voie à l'examen ultérieur d'une loi budgétaire pour l'année 2025, qui comprendrait jusqu'à 4.500 milliards de dollars de baisse d'impôts et une baisse des dépenses publiques fédérales de 2.000 milliards de dollars sur les 10 prochaines années.
Mais les divisions affichées au grand jour mettent déjà en péril la mise en place de certaines promesses de campagne de Donald Trump, comme la suppression de l'imposition sur les pourboires. Le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, sait que sa marge de manœuvre est très fine : en raison de la composition actuelle de la chambre basse, il ne peut se permettre qu'un seul "non" côté républicain, si tous les démocrates votent contre.
"Si le budget républicain passe, le déficit s'aggrave, il ne s'améliore pas"
Face au risque de rejet, qui représenterait un revers pour les républicains et Donald Trump, Mike Johnson a évoqué la possibilité d'un report. "Il y aura peut-être un vote ce soir. Peut-être pas. Gardez un œil ouvert", a-t-il lancé à la presse mardi matin. L'élu conservateur Thomas Massie a déjà annoncé qu'il voterait contre la résolution.
"Si le budget républicain passe, le déficit s'aggrave, il ne s'améliore pas", a-t-il justifié sur X lundi. Fervent adepte d'une sobriété des dépenses publiques, il fait partie des élus qui souhaitent des coupes budgétaires plus importantes pour compenser certaines mesures onéreuses.
Au premier rang de ces mesures: les crédits d'impôts adoptés lors du premier mandat de Donald Trump, qui arrivent à expiration à la fin de l'année, et que les républicains veulent étendre, voire rendre permanents. Selon des estimations de 2024 du cercle de réflexion Center for American Progress, proche des démocrates, rendre permanents ces "crédits d'impôt Trump" coûterait 400 milliards de dollars par an à l'Etat fédéral au cours des dix prochaines années.
Pour compenser ces coûts, les républicains conservateurs ont donc jeté leur dévolu sur la réduction de certains programmes d'aide publique, comme Medicaid, l'assurance santé de millions d'Américains à bas revenu. "Medicaid doit être réformé", a lancé lundi l'élu républicain Chip Roy, soutenant que des fraudes massives ont été permises dans ce programme.
En cas d'échec de la résolution, les républicains pourraient se tourner vers un autre texte
Pour le chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, le projet des républicains représenterait "la réduction la plus importante de Medicaid de l'histoire américaine". L'élu new-yorkais a souligné les risques pour les enfants, les familles, les personnes handicapées, mais aussi les séniors, les hôpitaux, et les maisons de retraite, qui pourraient tous se trouver "anéantis".
"Les démocrates à la Chambre ne fourniront pas un seul vote à cet irresponsable budget républicain. Pas un seul", a prévenu Hakeem Jeffries. Donald Trump avait assuré la semaine dernière que les républicains ne "toucheraient pas" à ces programmes d'aide publique. "A moins qu'il n'y ait de la fraude ou quelque chose de ce genre", avait-il toutefois ajouté aux côtés du milliardaire Elon Musk, qu'il a chargé de sabrer dans les dépenses publiques avec sa commission à l'efficacité gouvernementale, Doge.
En cas d'échec de la résolution mardi, les républicains pourraient se tourner vers un autre texte, plus limité, adopté vendredi au Sénat. Celui-ci comprend des centaines de milliards de dollars supplémentaires pour la sécurité aux frontières, mais n'inclut pas pour le moment une extension des "crédits d'impôt Trump".