Le Kurde modéré Barham Saleh, candidat le plus consensuel pour le pouvoir central à Bagdad, a été élu haut la main mardi président de l'Irak par le Parlement, au terme d'une bataille entre partis kurdes. La défaite de son concurrent Fouad Hussein (battu à 219 voix contre 22) est un nouveau coup dur pour Massoud Barzani, l'ancien président du Kurdistan autonome dont le référendum d'indépendance avait tourné au fiasco en 2017.
Un poste honorifique. L'élection par le Parlement du président - un poste honorifique dans un pays où le pouvoir est en réalité entre les mains du chef de gouvernement - relève de la formalité en Irak. Car ce poste était jusqu'alors réservé à l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du défunt président irakien Jalal Talabani, en vertu d'un accord tacite avec son rival, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani. Et c'est bien finalement le candidat de l'UPK, Barham Saleh, 58 ans, qui a été élu.
Une longue carrière politique. Barham Saleh, ingénieur en informatique diplômé en Grande-Bretagne, peut se targuer d'une longue carrière politique, tant au Kurdistan, autonome depuis 1991, qu'au sein des autorités fédérales à Bagdad où il a notamment été ministre de la Planification après les premières élections multipartites en 2005. Depuis cette date, dans la foulée de l'invasion emmenée par les États-Unis, la coutume est de réserver le poste honorifique de président à un Kurde. L'UPK a toujours obtenu ce poste, tandis que le PDK tenait la présidence du Kurdistan. Les deux partis attendent désormais les résultats des législatives au Kurdistan, tenues dimanche. Ils doivent être connus d'ici mercredi soir et révéleront les nouveaux rapports de force dans la région.
Un Premier ministre chargé de former un gouvernement. Après l'élection en septembre du président du Parlement, un sunnite, Mohammed al-Halboussi, et celle du président de la République, il ne restait plus qu'un poste-clé à pourvoir : celui de Premier ministre, réservé à un chiite. Barham Saleh avait 15 jours pour charger le candidat désigné par la plus large coalition au Parlement de former un gouvernement. Il l'a fait dès son élection, en chargeant l'ancien vice-président Adel Abdel Mahdi de cette mission. Ce vétéran de la politique irakienne depuis la chute du dictateur Saddam Hussein en 2003 a désormais 30 jours pour dévoiler les noms des membres de son cabinet, qui devront ensuite obtenir la confiance du Parlement.