Brandissant des portraits de Mahsa Amini, jeune femme morte après son arrestation par la police iranienne des mœurs, quelques centaines de Kurdes irakiens et iraniens ont manifesté samedi à Erbil, au Kurdistan d'Irak, pour dénoncer "le régime iranien" et la "répression". "Femme, vie, liberté", "À bas la dictature", ont scandé en kurde les quelque 300 manifestants, hommes et femmes, rassemblés devant les bureaux des Nations unies à Erbil, a rapporté un photographe de l'AFP. Certains ont brûlé un drapeau iranien.
"Tenez-vous au côté du peuple iranien", "Les gens sont tués pour la liberté en Iran", pouvait-on lire en anglais sur une pancarte. "Jhina, un exemple de vie, l'étincelle de la révolte", était-il écrit sur une autre, en allusion au prénom kurde de Mahsa Amini, 22 ans.
Une situation "catastrophique" en Iran
Originaire du Kurdistan iranien, dans le nord-ouest de l'Iran limitrophe de l'Irak, Mahsa Amini a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour "port de vêtements inappropriés". Interpellée par la police des mœurs, unité chargée de faire respecter le code vestimentaire strict imposé aux femmes, elle est décédée trois jours plus tard après être tombée dans le coma. Samedi à Erbil, les protestataires brandissaient des portraits de la jeune femme, souriante avec un voile jeté négligemment sur ses cheveux et dévoilant quelques mèches, selon la mode suivie par de nombreuses Iraniennes.
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"Aujourd'hui, nous sommes rassemblés devant le siège de l'ONU contre le meurtre de Mahsa Amini et les féminicides, et contre le régime iranien", a expliqué Jwana Temsi. Cette Kurde iranienne de 20 ans fait partie de l'opposition présente au Kurdistan d'Irak et engagée dans la lutte contre le pouvoir de Téhéran. La mort de Mahsa Amini a déclenché des manifestations dans tout l'Iran, Amnesty International dénonçant la "répression brutale" menée par les forces de sécurité.
"La situation en Iran est catastrophique, le nombre de morts est en hausse", a déploré Fatma Abdallah, Kurde iranienne de 69 ans, foulard vert lâchement posé sur ses cheveux gris. "Quotidiennement des gens sont arrêtés et emprisonnés, malmenés et torturés, sans considération pour le fait qu'il s'agit de femmes, d'enfants ou de personnes âgées", a-t-elle ajouté. Au moins 35 personnes ont été tuées dans "les émeutes" en Iran, selon le dernier bilan de la télévision d'État iranienne. Mais l'ONG d'opposition Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, fait état vendredi d'au moins 50 morts dans la répression des manifestations.