Le navire humanitaire Lifeline attendait mercredi de pouvoir accoster à Malte avec à son bord 233 migrants que six pays européens dont l'Italie et la France ont accepté de prendre en charge, selon les dirigeants italien et français.
Malte va prendre des mesures contre le navire. Malte a accepté d'accueillir le Lifeline bloqué depuis des jours au large de ses côtes, que l'Italie avait refusé, avec un accord pour répartir les migrants parmi des pays membres volontaires. Parmi eux figure aussi le Portugal. Mais le gouvernement maltais a aussi annoncé dans un communiqué que si le Lifeline arrivait sur l'île, il enquêterait et prendrait des mesures contre le navire "qui a ignoré les instructions données conformément aux règles internationales par les autorités italiennes".
L'Italie aussi va enquêter. Épousant la ligne dure représentée par son ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrême droite), Guiseppe Conte, le chef du gouvernement italien, a lui aussi précisé que le Lifeline serait "soumis à une enquête pour s'assurer de sa nationalité et du respect des règles du droit international de la part de son équipage".
"Et de deux ! Après l'Aquarius envoyé en Espagne, c'est désormais au tour du navire de l'ONG Lifeline d'aller à Malte avec ce navire hors-la-loi qui en définitive sera séquestré", a twitté Matteo Salvini, également vice-Premier ministre de Giuseppe Conte. L'Italie tient cette ligne depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement populiste le 1er juin, formé de la Ligue et du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème). Les ONG "complices, consciemment ou inconsciemment des trafiquants" sont interdites d'entrée dans les ports italiens, a réaffirmé lundi Matteo Salvini.
Pour Macron, le navire a fait "le jeu des passeurs". Emmanuel Macron a rejoint mardi certaines des critiques du gouvernement italien sur le rôle des ONG en Méditerranée. Le président français a critiqué l'ONG allemande Lifeline qui "est intervenue en contravention de toutes les règles et des garde-côtes libyens" et qui a fait "le jeu des passeurs", un reproche selon lui "indicible dans l'émotion collective". "On ne peut pas accepter durablement cette situation car au nom de l'humanitaire cela veut dire qu'il n'y plus aucun contrôle. A la fin on fait le jeu des passeurs en réduisant le coût du passage pour les passeurs. C'est d'un cynisme terrible", a poursuivi le président français.