Louisa Goïlabieva est une jeune Tchétchène de 17 ans. Najoud Goutchigov, chef de la police de la région de Noya-Yourt, marié, en a 30 de plus. Ils se sont pourtant mariés samedi à Grozny, la capitale tchétchène. Une union en principe contraire à la loi russe, appliquée en Tchétchénie, qui interdit la polygamie et le mariage forcé. L’affaire a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, rapportent Le Monde et The Guardian.
Un invité de marque. C’est le journal russe Noyaïa Gazeta qui a dévoilé l’affaire le mois dernier. D’après le quotidien, la famille de la jeune fille aurait subi une véritable campagne d’intimidation et aurait reçu un ultimatum les forçant à marier leur fille à Najoud Goutchigov, pour éviter des "conséquences malheureuses". Louisa Goïlabieva, elle, n’aurait pas souri une seule fois pendant son mariage.
L’histoire de Louisa Goïlabieva a été largement relayée dans les médias russes, notamment parce que l’officier de police a carrément reçu le soutien de Ramzan Kadyrov, le président tchétchène. Sur son compte Instagram, celui-ci, invité à la cérémonie, a posté une vidéo du mariage et affirmé avoir vu lui-même "les tampons" officialisant l’union.
"Les médias ont délibérément distordu la réalité en répétant des informations fausses et intrusives sur la vie d’autres personnes", ajoute Ramzan Kadyrov, souvent prolixe sur les réseaux sociaux. Avant le mariage, le président s’est même fendu d’un post comparant le mariage à celui de Kate Middleton et du Prince William. Ramzan Kadyrov souhaite d'ailleurs "beaucoup de bonheur"... aux deux couples. Autre invité remarqué, Magomed Daurov, chef de l’administration de Kadyrov, qui tenait la jeune mariée par le bras pour l’amener jusqu’à la cérémonie.
"Carte blanche de Poutine". Un membre d’une association de défense des droits de l’Homme en Tchétchénie explique au site The Daily Beast que dans cette République autonome, "la loi n’existe pas quand il s’agit des amis de Kadyrov", qui bénéficie encore d’une "carte blanche de Poutine", le président russe.
La jeune Louisa Goïlabieva ne risque pas non plus de recevoir beaucoup de soutien de la part du défenseur des droits des enfants de Russie, pour qui "l’émancipation et la maturité sexuelle arrivent plus tôt dans le Caucase". Quant à la journaliste à l’origine des révélations sur ce mariage forcé, elle a décidé de quitter la Tchétchénie, pour des raisons de sécurité.