Le monde s'éloigne de son objectif de maîtrise du réchauffement climatique, avec un fossé grandissant entre les émissions de gaz à effet de serre et l'ambition de l'Accord de Paris, alerte mardi l'ONU dans un rapport annuel sévère.
Pour garder la hausse du mercure en-deçà de 2°C, les États devront tripler d'ici 2030 le niveau global de leur engagement par rapport aux promesses faites en 2015 à la conférence climat de Paris (COP21), souligne le Programme environnement de l'ONU (PNUE). Et le multiplier par 5 pour ne pas dépasser +1,5°C, stade déjà annonciateur de dérèglements, ajoute ce 9e rapport sur l'action climatique, publié à cinq jours de l'ouverture en Pologne de la 24e conférence mondiale sur le climat (COP24).
Les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse. "C'est la nouvelle la plus alarmante : l'écart (entre le niveau actuel des émissions et le niveau nécessaire, ndlr) est plus grand que jamais", dit Philip Drost, qui a coordonné le rapport du PNUE.
En 2017, les émissions de GES sont reparties à la hausse, après trois ans de relative stabilité. Et 2018 devrait connaître la même tendance, avec une augmentation attendue des émissions du secteur de l'énergie (3/4 du total), a déjà prévenu l'Agence internationale de l'énergie.
L'ONU pessimiste sur les technologie d'absorption du CO2. Le scénario du PNUE est plus sombre que l'an dernier aussi parce que les dernières recherches montrent qu'il ne faudra pas compter sur un déploiement vaste et rapide de technologies d'absorption du CO2. Les émissions en 2017 ont atteint un niveau historique, à 53,5 gigatonnes (Gt) équivalent CO2, soit 0,7 Gt de plus qu'en 2016, souligne le PNUE. Et "rien ne dit qu'elles aient atteint un pic - ce point où elles basculent, de la hausse à la baisse".
Selon les auteurs, 49 pays ont passé leur "pic" d'émissions, mais ils ne représentent que 36% des GES mondiaux. Et au total seuls 57 Etats (60% des émissions) seraient en bonne voie d'y parvenir d'ici 2030 -- si leurs promesses de 2015 sont tenues.