Avec un dynamisme à toute épreuve, le pape de 87 ans a abandonné son dernier discours pour improviser une "masterclass" sur le dialogue interreligieux avec humour et énergie devant quelque 600 jeunes de différentes confessions. "Prenez des risques !", leur a-t-il lancé pour les encourager à "sortir de [leur] zone de confort". "Un jeune qui n'a pas envie de prendre de risque est un vieux !", a-t-il ajouté, provoquant l'hilarité de l'assemblée.
Conférence de presse à bord de l'avion
François a ensuite invité les participants de différentes religions à prier ensemble les uns pour les autres, avant d'être chaleureusement ovationné. Le chef de l'Eglise catholique a quitté la cité-Etat en milieu de journée pour Rome où il est attendu à 18H25 (16H25 GMT).
À bord de l'avion, le pape donnera sa traditionnelle conférence de presse devant les journalistes de la presse internationale qui l'accompagnent, un exercice auquel il ne s'est plus livré depuis son voyage à Marseille, dans le sud de la France, il y a un an.
Un périple de 33.000 km
Un an après une lourde intervention chirurgicale à l'abdomen, cet ambitieux périple de 33.000 km sur deux continents avait nourri les doutes quant à la capacité de Jorge Bergoglio, qui aura 88 ans en décembre, à endurer une telle odyssée. Mais ni le rythme effréné - 16 discours, jusqu'à huit heures de décalage horaire -, ni la chaleur tropicale, ni les multiples rencontres officielles n'ont semblé gêner le pape argentin.
François a même affiché une étonnante résistance, avec pour point culminant mardi un bain de foule à Dili, au Timor occidental, parmi 600.000 personnes exaltées, après une messe de deux heures et demie sous une chaleur moite et étouffante, dans ce pays à 98% catholique.
À plusieurs reprises, il s'est laissé aller à des improvisations, le regard vif, réagissant avec intérêt aux témoignages qui lui étaient lus ou rappelant à l'interprète de traduire ses propos. Son visage est toutefois apparu plus fermé devant les défilés militaires honorifiques, une tradition qui l'a toujours rebuté, et lors de la messe à Singapour jeudi, où il est apparu les traits marqués par la fatigue.
"J'ai été impressionnée par son sourire lorsqu'il saluait la foule (...) Il rayonnait et il avait son visage de toujours. Il paraissait très en forme. On sent qu'il va bien dès qu'il est en contact avec les gens", a déclaré à l'AFP Lise de Rocquigny, une Française de 47 ans qui vit à Singapour. "En revanche pendant la liturgie il avait l'air de souffler et d'être fatigué", a-t-elle ajouté.
"Dans son esprit, le pape se sent pas fatigué mais heureux"
Si le pape voyageait avec son médecin personnel et deux infirmiers - le protocole habituel - aucun détail n'a filtré quant à son régime médical, le Vatican cultivant la plus grande discrétion sur cette question jugée confidentielle.
Ce 45e voyage international confirme l'importance des déplacements à l'étranger pour ce pasteur de terrain, qui a toujours préféré les rencontres aux ors du Vatican et pour qui le contact avec la foule reste une vivifiante source d'énergie. "Dans son esprit, le pape se sent pas fatigué mais heureux. C'est une perspective très différente, aussi très chrétienne, de voir les choses", a confié à l'AFP le directeur du service de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni.
"Plutôt que de se concentrer sur la fatigue, il insiste sur la joie qui le nourrit pendant ces visites. Et c'est ce qu'il lui permet d'aller de l'avant", ajoute-t-il. "S'arrêter ne fait pas partie de son ADN", renchérit une source vaticane. "Pour lui, être pape se vit à 100%, au risque de ne pas s'écouter. Et c'est aussi cet altruisme qui touche les fidèles."
Des thèmes chers à ses yeux abordés pendant le voyage
Cette tournée initialement prévue en 2020 mais reportée en raison de la pandémie, aura vu François aborder des thèmes chers à ses yeux : le dialogue avec l'islam en Indonésie, la lutte contre la pédocriminalité, la protection de l'environnement ou la défense des droits des travailleurs migrants. De la mosquée de Jakarta aux rues bondées de Dili, le pape aura rappelé l'importance qu'il accorde au Sud global et aux "périphéries" d'une Église mondialisée qu'il souhaiterait plus ouverte.
Dès le 26 septembre, le chef de l'Église catholique honorera un nouveau déplacement de quatre jours au Luxembourg et en Belgique, avant d'enchainer sur l'Assemblée générale du Synode sur l'avenir de l'Eglise en octobre.