"Cela nous rappelle l'histoire du siècle dernier, des nazis, de Staline, et on se demande comment cela a pu arriver. Mais ce qui s'est passé autrefois est en train d'arriver aujourd'hui sur les côtes voisines", a lancé le pape dans une longue improvisation au cours d'une prière œcuménique avec des migrants, au deuxième jour de sa visite à Chypre.
"Il y a des lieux de torture, des gens qui sont vendus. Je le dis car c'est ma responsabilité d'ouvrir les yeux", a déclaré le souverain pontife devant 250 personnes réunies dans l'église de la Sainte Croix à Nicosie, située à quelques mètres de la zone tampon administrée par l'ONU. "Nous regardons ce qui arrive, et le pire c'est que nous nous sommes habitués à ça. Le fait de s'habituer, c'est une maladie très grave ! Il n'y a pas d'antibiotiques contre cela", a-t-il ajouté lors d'une longue improvisation à l'issue de son discours, dénonçant une nouvelle fois "la culture de l'indifférence".
"Ils trouvent devant eux un mur de haine"
Devant les "souffrances" de "tant de personnes dont on a profité", François s'est dressé contre "la guerre de la haine", fustigeant "ceux qui empêchent d'entrer les réfugiés qui demandent de la fraternité, de l'aide, de la joie". "Ils fuient la haine, et ils trouvent devant eux un mur de haine (...) Nous ne pouvons pas nous taire et regarder ailleurs devant cette culture de l'indifférence", a-t-il lancé, voyant dans cette réalité "l'histoire de cette société développée que nous appelons l'Occident". Quelques minutes plus tôt, le pape s'était dit "ému" après avoir entendu les témoignages de quatre personnes exilées.
A travers ce voyage, son 35e à l'étranger depuis son élection en 2013, le souverain pontife entend braquer à nouveau les regards sur la question migratoire, leitmotiv de son pontificat et source de tensions dans la région méditerranéenne.