Alors que le pape François est arrivé dimanche matin à Mossoul, ville détruite par l’occupation de Daesh pendant trois ans, le père Patrick Desbois était l’invité de la matinale d’Europe 1. Le président de l’association "Yahad-In", qui offre une aide psycho-sociale aux Yazidis victimes des exactions de Daech, est revenu sur la portée hautement symbolique de la visite du pape en Irak, pays meurtri par des décennies de conflits. "Les Chrétiens disent 'il vient nous voir', mais il vient voir l’ensemble de l’Irak", a-t-il estimé.
"Enfin une parole vraie dans un univers fermé"
"Sa visite apporte de l’oxygène. A l’aéroport déjà, il a nommé tous les persécutés : les Chrétiens, les Yézidis et tous les autres. Enfin une parole vraie qui circule dans un univers fermé !", s’est réjoui le père Patrick Desbois, qui est allé une vingtaine de fois dans le pays. "Les gens ont admiré la réception chez le Premier ministre", a-t-il ajouté.
"L’Irak est un pays avec beaucoup de pauvres. Pour eux, c’est incroyable que le pape vienne chez eux. J’ai demandé à des gens de tous les milieux, et ils m’ont tous dit qu’ils suivaient ça à la télévision, du matin au soir", a-t-il poursuivi. Selon lui, le fait que le pape dise "des vérités qui ne se disent pas" séduit particulièrement. "Il parle d’arrêter les armes et de la liberté de conscience. Il dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas", a précisé le père Patrick Desbois.
"Daesh n’est pas mort"
A Mossoul, le pape doit inviter les chrétiens à rester et à revenir dans cette ville martyr. Daesh avait fait de cette ville au nord du pays son fief, jusqu’à sa défaite militaire fin 2017. "Daesh n’est pas mort", a cependant voulu alerter le père Patrick Desbois. La communauté chrétienne d’Irak, l'une des plus anciennes au monde, est passée de 1,5 million de membres à quelque 400.000, sous les coups des violences et de la pauvreté, endémique dans le pays.