Des religieux belges appartenant à une congrégation chapeautant 15 hôpitaux psychiatriques en Belgique sont menacés d'exclusion de l'Église s'ils permettent l'euthanasie dans ces établissements, a indiqué jeudi un responsable de la congrégation. "Les Frères de la Charité sont contre l'euthanasie, on doit un respect absolu à la vie", a expliqué le supérieur général des Frères de la Charité, René Stockman, qui vit à Rome et a multiplié les réunions avec le Saint-Siège. L'affaire est remontée jusqu'au pape François, a-t-il admis. Une information confirmée par le Vatican.
Nouveau règlement autorisant l'euthanasie. Les trois religieux sur la sellette sont membres du conseil d'administration, essentiellement composé de laïques, qui supervise les 15 hôpitaux. Or cette instance a approuvé au printemps un nouveau règlement qui permet désormais aux médecins d'y pratiquer l'euthanasie, considéré comme un "acte médical". Avant ce règlement interne, la congrégation religieuse dirigeait vers d'autres établissements les patients ayant obtenu une autorisation d'euthanasie de l'État belge.
Le Vatican exige une marche arrière. La Belgique a dépénalisé l'euthanasie en 2002 pour les personnes majeures, et la loi a même été étendue aux mineurs sans limite d'âge en 2014. Cette pratique, très encadrée, a fait son chemin dans les esprits, jusqu'à convaincre trois frères belges de la congrégation, a déploré René Stockman, un docteur en santé sociale qui a travaillé dans des établissements psychiatriques belges. Le supérieur général a tenté en vain de convaincre les trois frères de changer leur position, puis a saisi la conférence épiscopale de la Belgique, qui a rappelé sa ferme opposition à l'euthanasie. "J'ai été obligé de donner l'information au Vatican, qui était déjà au courant", a-t-il précisé.
Le Vatican a exigé que les trois frères couchent par écrit d'ici la fin du mois leur rejet de l'euthanasie, en contradiction avec la doctrine catholique. René Stockman devra aussi convaincre aussi les autres membres laïcs du conseil d'administration des hôpitaux de retirer le règlement litigieux. Les établissements fonctionnent grâce à des subventions de l'État belge, mais sont bien la propriété des Frères de la Charité. La congrégation, qui chapeaute aussi des écoles et des centres pour handicapés, soigne 5.000 personnes avec l'aide de 13.000 collaborateurs laïcs.