Eric Olsen, le patron du cimentier suisse LafargeHolcim, va quitter ses fonctions le 15 juillet pour tenter de désamorcer le dossier syrien, le groupe ayant été mis en cause pour avoir indirectement financé des groupes armés dans ce pays.
Olsen hors de cause. Le conseil d'administration a accepté sa démission après avoir toutefois conclu, au terme d'une enquête interne, que ce ressortissant franco-américain, qui s'était vu confier les rênes de l'entreprise en 2015 pour mener à bien la fusion du français Lafarge avec le suisse Holcim, était hors de cause. "Après avoir procédé à un examen approfondi, le conseil d'administration a conclu qu'Eric Olsen n'était ni responsable ni pouvant être considéré comme informé des actes répréhensibles identifiés", a indiqué le groupe dans un communiqué.
Le géant des matériaux de construction, visé en France par une enquête judiciaire ouverte en octobre après une plainte du ministère de l'Économie, avait diligenté une enquête au terme de laquelle il a reconnu que des mesures "inacceptables" avaient été prises pour permettre à un site de continuer à fonctionner dans ce pays déchiré par la guerre civile. Des erreurs de jugement "significatives", contrevenant au code de conduite de l'entreprise, ont été commises, a admis LafargeHolcim, qui a clos son enquête, dont elle a publié un résumé sur son site.
"Apaiser les fortes tensions". Cette enquête a confirmé que bien que des mesures aient été prises à l'échelon local et régional, certains membres de la direction du groupe avaient eu connaissance de violations de son code de conduite. "Les responsables des activités en Syrie ont pensé agir dans les intérêts de l'entreprise avec la conviction que leurs efforts étaient pleinement compris de leurs supérieurs, mais qui compte tenu du chaos qui régnait dans cette zone de guerre ont pu conduire à des erreurs de jugement", avait expliqué le groupe le 2 mars. "Ma décision est guidée par la conviction qu'elle contribuera à apaiser les fortes tensions qui sont récemment apparues autour de la question de la Syrie", a déclaré Eric Olsen, cité dans le communiqué.
Le groupe fait l'objet de plusieurs plaintes, du ministère français de l'Économie, mais aussi d'ONG concernant des arrangements en 2013 et en 2014 avec des groupes armés pour maintenir en activité une cimenterie située à Jalabiya, à 150 kilomètres au nord-est d'Alep.