Le Pentagone transmet par accident un plan d'attaque à un journaliste

Une fuite au Pentagone ? Un journaliste a reçu les plans des frappes aériennes des États-Unis contre les Houthis, au Yémen. Le journaliste s'est retrouvé inclus par accident dans un groupe de discussion confidentiel de l'administration de Donald Trump. Le président a affirmé ne pas être au courant de cet événement.
Suite à une faille de sécurité retentissante, un journaliste américain s'est retrouvé par accident inclus dans un groupe de discussion confidentiel du gouvernement Trump et a reçu par ce biais un plan détaillé de frappes aériennes contre les Houthis du Yémen.
"Le ministre de la Défense Peter Hegseth m'a envoyé le plan d'attaque"
"Je ne sais rien de tout cela", a affirmé Donald Trump, interrogé sur ces révélations qui secouent Washington lundi. "Le gouvernement Trump m'a envoyé par erreur ses plans de guerre", titre depuis quelques heures le prestigieux magasine américain The Atlantic sur internet.
Son journaliste et rédacteur en chef Jeffrey Goldberg y révèle avoir reçu à l'avance, via la messagerie Signal, le plan d'attaque détaillé des raids menés le 15 mars par les forces américaines contre les rebelles houthis au Yémen. La Maison Blanche a rapidement confirmé. "Il semble pour l'instant que la chaîne de messages dont fait état l'article soit authentique, et nous cherchons à savoir comment un numéro a été ajouté par erreur", a dit le porte-parole du Conseil de sécurité nationale Brian Hugues.
"Le ministre de la Défense Peter Hegseth m'a envoyé le plan d'attaque" deux heures avant que les frappes ne commencent, y compris "des informations précises sur les armes, les cibles et les horaires", écrit Jeffrey Goldberg.
"Imprudent"
Le journaliste explique que tout a commencé avec une prise de contact le 11 mars émanant du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Mike Waltz, via l'application de messagerie Signal, très prisée des reporters et des responsables politiques à cause de la confidentialité qu'elle promet.
Suit, deux jours plus tard, un message évoquant une "coordination" de l'action contre les Houthis, puis plusieurs autres communications. Jeffrey Goldberg explique que 18 personnes au total participent à cette boucle, dont, selon lui, le chef de la diplomatie Marco Rubio, le patron de la CIA John Ratcliffe et le vice-président JD Vance.
Ce dernier émet, la veille des attaques, des réserves sur le plan du Pentagone, estimant qu'une attaque des Houthis, et donc une meilleure sécurisation du trafic maritime en mer Rouge, bénéficierait aux Européens bien plus qu'aux Américains.
Le groupe Signal voit défiler une série de messages jusqu'à celui de Pete Hegseth, le 15 mars, contenant des détails sur les attaques imminentes. Après les frappes, les membres du groupe de discussion se félicitent selon le journaliste du succès de l'opération, avec force émoticônes. Le rédacteur en chef de The Atlantic dit avoir eu, jusqu'à ce que sortent les premières informations sur les frappes bien réelles, de "très forts doutes" sur la crédibilité de ce groupe de discussion.
Il ajoute : "Je n'arrivais pas à croire que le conseil à la sécurité nationale du président serait imprudent au point d'inclure le rédacteur en chef de The Atlantic", un magazine souvent critique de Donald Trump et que ce dernier étrille à la moindre occasion, dans de tels échanges confidentiels.
Cette conversation "constitue la preuve d'une coordination profonde et réfléchie entre de hauts responsables", a tenté d'expliquer Brian Hugues, de la Maison Blanche. "Je ne suis pas un grand fan de The Atlantic", a dit de son côté Donald Trump pendant un bref échange avec la presse, "c'est un magazine qui va faire faillite".
"Ces idiots vont réussir à ce qu'on se fasse tous tuer"
L'opposition démocrate au Congrès n'a pas tardé à réagir. "C'est manifestement illégal et extrêmement dangereux", a tonné la sénatrice Elizabeth Warren, dénonçant "des débutants complets". "Chacun des responsables dans ce groupe ont désormais enfreint la loi" a attaqué un autre sénateur, Chris Coons. "Nous ne pouvons faire confiance à personne au sein de ce gouvernement pour protéger les Américains", a-t-il ajouté.
"Ces idiots vont réussir à ce qu'on se fasse tous tuer", a lancé Robert Garcia, élu démocrate à la Chambre. Le 15 mars, les États-Unis ont effectivement mené d'importants bombardements sur des bastions rebelles au Yémen.
Donald Trump a promis "l'enfer" aux "terroristes houthis" et sommé l'Iran de cesser de soutenir ces rebelles, qui ont multiplié les attaques contre le commerce maritime au large du Yémen depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza en octobre 2023. Les Houthis affirment que ces frappes américaines ont fait une cinquantaine de morts et une centaine de blessés.