Les pompiers portugais ne viendront pas à bout avant plusieurs jours des feux de forêt qui ravagent depuis vendredi la région touristique de l'Algarve, dans le sud du pays, malgré l'ampleur des moyens déployés, a reconnu mercredi le Premier ministre Antonio Costa. Plus de 1.400 pompiers et militaires combattaient l'incendie dans la chaîne de montagne de Monchique qui progressait sur deux fronts, attisé par de violentes rafales de vent. Ils étaient appuyés par une douzaine de bombardiers d'eau et d'hélicoptères.
"Le brasier devrait s'aggraver". Dans l'après-midi, un énorme champignon de fumée s'élevait en direction de la ville de Silves, qui se trouve à une dizaine de kilomètres à peine du petit port de Portimao, très fréquentée par les touristes. "Il ne faut pas avoir l'illusion que cet incendie va s'éteindre dans les prochaines heures", a déclaré le Premier ministre lors d'une conférence de presse au siège de la Protection civile à Lisbonne. L'opération, a-t-il dit, "va se prolonger dans les prochains jours". Le brasier "devrait certainement s'aggraver dans les prochaines heures", en raison notamment d'un "vent constant et fort", de la "hausse des températures" et d'un "taux d'humidité en baisse", a-t-il précisé.
32 blessés, 180 déplacés. Depuis qu'il a éclaté vendredi dernier, l'incendie a fait 32 blessés dont un grave et des centaines d'habitants et de vacanciers ont été évacués des alentours de Monchique, un bourg de 6.000 habitants à 164 kilomètres au sud de Lisbonne. "Certains sont déjà rentrés chez eux", a indiqué Patricia Gaspar, porte-parole de la Protection civile, précisant que 180 personnes restaient déplacées. Le feu, qui a déjà consumé plus de 21.000 hectares selon le Système européen d'information sur les incendies de forêt (EFFIS), était visible depuis la station spatiale internationale (ISS), comme le montrait une photo tweetée par l'astronaute allemand Alexander Gerst.
Dramatische Wetterlage heute über Portugal. Sieht nach einer Mischung aus Staub, Sand und Rauch aus.
— Alexander Gerst (@Astro_Alex) 6 août 2018
Dramatic weather pattern over Portugal today. Looks like a mixture of dust, sand and smoke. #Horizonspic.twitter.com/Nkp0yllxpj
Désorganisation ? "Le ciel est plein d'un sorte de brume noire, faite de cendres et de suie", a déclaré Tony Sanders, un Britannique de 73 ans. "On sent cette odeur âcre de bois brûlé tout le temps et cela irrite la gorge", explique-t-il en s'inquiétant des braises portées par le vent "qui peuvent allumer un foyer à tout moment". Des associations de pompiers ont dénoncé la "désorganisation" des secours, composées d'unité de l'armée, de pompiers venus des villes comme de pompiers forestiers aguerris. "Nous sommes face à une opération d'une grande complexité avec un millier d'hommes déployés sur le terrain, il est possible que par moments les choses ne se déroulent pas comme on l'aurait souhaité", a reconnu la porte-parole de la Protection civile.