Un juge fédéral de Brooklyn a ordonné lundi le renvoi du procès du narcotrafiquant présumé Joaquin "El Chapo" Guzman, qui s'ouvrira finalement deux mois après la date initialement prévue, soit le 5 novembre, délai jugé malgré tout insuffisant par l'accusé.
Un dossier de 320.000 pages. Le juge Brian Cogan a ainsi fait droit à la demande de l'avocat d'El Chapo, Eduardo Balarezo, qui avait demandé un report début juillet après que le ministère public eut versé plusieurs milliers de nouvelles pièces au dossier. Selon lui, plus de 117.000 fichiers sonores et 1.125 pages de documents ont été ajoutés à un dossier qui compte aujourd'hui plus de 320.000 pages produites, à charge, par les services du procureur fédéral de Brooklyn, Richard Donoghue.
Vers un procès inéquitable, estime "El Chapo". Par l'entremise de son avocat, Joaquin Guzman s'est dit "très déçu", rappelant qu'il avait demandé cinq mois de délai supplémentaire. "Il pense que l'accusation se livre à des manœuvres visant à le priver d'un procès équitable et veut croire qu'un jury impartial saura voir au-delà de ces écrans de fumée au procès", a déclaré Eduardo Balarezo au sujet de son client.
200 tonnes de cocaïne. L'ouverture du procès avait été fixée, au départ, au 16 avril, avant d'être renvoyée au 5 septembre, puis au 5 novembre, lundi. El Chapo, 61 ans, est accusé d'avoir dirigé pendant 25 ans le cartel de Sinaloa, l'un des plus puissants que le continent américain ait jamais connus. Selon la justice fédérale américaine, il aurait dans ce cadre supervisé l'envoi vers les Etats-Unis d'au moins 200 tonnes de cocaïne et commandité de multiples assassinats et kidnappings, allant jusqu'à torturer lui-même les victimes.
Sous haute surveillance. Interpellé en janvier 2016 et extradé aux Etats-Unis un an plus tard, El Chapo, qui s'est déjà évadé deux fois au Mexique, est détenu dans une prison ultra-sécurisée du sud de Manhattan, avec des visites extrêmement restreintes et la possibilité de sortir de sa cellule une heure par jour seulement.