L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a affirmé mercredi "ne pas être en position de garantir que le programme nucléaire iranien est exclusivement pacifique", du fait de l'absence de réponses de Téhéran sur la question des sites non déclarés. Dans un rapport publié avant le Conseil des gouverneurs de la semaine prochaine, le directeur général de l'instance onusienne Rafael Grossi, se dit "de plus en plus inquiet" alors qu'"aucun progrès n'a été fait pour résoudre" le dossier des traces d'uranium enrichi retrouvées par le passé en divers endroits.
Il appelle la République islamique "à répondre à ses obligations légales" et à coopérer au plus vite. C'est un des principaux points sur lesquels butent les négociations qui ont démarré en avril 2021 à Vienne pour ranimer l'accord de 2015, torpillé trois ans plus tard par l'ancien président américain Donald Trump. Téhéran a encore réclamé mardi une clôture de l'enquête de l'AIEA pour parvenir à un compromis avec ses interlocuteurs directs (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Chine et Russie), tandis que les États-Unis y participent indirectement.
>> LIRE AUSSI - Commission d'enquête sur le nucléaire : «Je souhaite que François Hollande vienne devant», déclare Olivier Marleix
Des stocks d'uranium 19 fois supérieur à la limite autorisée
L'AIEA déplore également la décision annoncée en juin par l'Iran d'enlever un certain nombre de caméras de surveillance, évoquant "des conséquences préjudiciables pour la capacité" à vérifier le caractère civil du programme nucléaire. Tout en restreignant l'accès à l'instance onusienne, l'Iran a continué ces derniers mois à accumuler de l'uranium enrichi, selon des estimations livrées dans un document distinct. Les stocks dépassent désormais de plus de dix-neuf fois la limite autorisée par l'accord international de 2015.
Téhéran a ainsi porté ses réserves totales à la date du 21 août à 3.940,9 kgs, contre 3.809,3 kgs mi-mai, loin du plafond de 202,8 kilos auquel il s'était engagé. L'Iran a notamment élevé son stock de matière enrichie à 20% à 331,9 kg, contre 238,4 kg auparavant. Ce niveau, qui se situe au-delà des 3,67% fixés par l'accord, permet en théorie de produire des isotopes médicaux, utilisés notamment dans le diagnostic de certains cancers. La République islamique dispose par ailleurs de 55,6 kg contre 43,1 kg d'uranium enrichi à 60%, seuil proche des 90% nécessaires à l'élaboration d'une arme atomique, contre 33,2 kg précédemment.