Londres est en passe d'élire maire jeudi Sadiq Khan, un musulman fils d'un chauffeur d'autobus pakistanais, parfaite illustration du cosmopolitisme de la capitale britannique. Les sondages créditent en effet ce candidat travailliste de plus de dix points d'avance sur son principal adversaire, le conservateur et fils de milliardaire Zac Goldsmith.
Une première ? Si cette avance se concrétise dans les urnes, Sadiq Khan, 45 ans, député de Tooting, un quartier populaire du sud de Londres où il a grandi en cité HLM, deviendra le premier maire musulman d'une grande capitale occidentale. Il succédera aussi au conservateur Boris Johnson, qui, visant désormais des responsabilités à l'échelle nationale, n'a pas souhaité se représenter.
L'islam, angle d'attaque. "Je suis fier d'être musulman", a déclaré mercredi Sadiq Khan. Mais il a souligné que sa confession n'était que l'une des composantes de sa personnalité. "Je suis londonien, je suis britannique (...) j'ai des origines pakistanaises, je suis un père, un mari, un supporteur de Liverpool", a-t-il dit, alors que le camp adverse tente sans relâche d'instrumentaliser sa religion. Son concurrent conservateur, Zac Goldsmith, 41 ans, député du quartier résidentiel de Richmond, a notamment accusé l'ancien avocat des droits de l'Homme d'avoir fréquenté des extrémistes islamistes. Des attaques relayées par le Premier ministre David Cameron. Mais dans une ville dont 30% de la population est non blanche et tient à sa réputation de tolérance, cette stratégie pourrait avoir l'effet inverse de celui souhaité, estiment les analystes.
"Zac", un candidat très riche. Son concurrent Zacharias Goldsmith, dit Zac, 41 ans, semble, lui aussi, sortir d'un conte de fées : riche, très riche même, beau gosse impeccablement habillé, éducation dans la prestigieuse école d'Eton.... Mais ce ne sont pas forcément les meilleurs arguments pour avoir l'air proche des électeurs. Il s'est ainsi montré incapable, pendant la campagne, de répondre à quelques questions simples d'une journaliste sur Londres (nom d'une station de métro, équipes de foot, emplacement d'un musée).
"La Belle au bois dormant". Les relations que lui permettent son milieu d'origine l'a mené à la politique et depuis 2010, il est député de la circonscription huppée de Richmond Park. A ceux qui s'interrogent sur son manque de formation et d'expérience professionnelle, son directeur de campagne, Nick de Bois, répond qu'il vaut mieux "juger sur les actes : Zac a amélioré son score en tant que député de Richmond". Et glisse qu'il vaut mieux élire un maire qui va travailler main dans la main avec le gouvernement. Affable, poli, Zac peine toutefois à convaincre de sa passion pour le job, et sa campagne terne l'a fait surnommer par le quotidien populaire Mirror "la Belle au bois dormant".