Le Venezuela a raté deux échéances de remboursement de dette et se trouve donc en défaut de paiement sur ces deux emprunts obligataires, a estimé mercredi l'agence de notation S&P Global Ratings, qui confirme par ailleurs le statut de défaut partiel du pays pétrolier. "Le Venezuela a raté des paiements de 237 millions de dollars sur ses emprunts obligataires à échéance 2025 et 2026", ne parvenant pas à rembourser même à l'issue de la période de grâce de 30 jours, a souligné l'agence dans un communiqué.
Les avertissements des agences de notation se succèdent. S&P n'est pas optimiste pour l'avenir financier du pays, ébranlé par la chute des cours du pétrole qui le prive de liquidités: "il y a une chance sur deux que le Venezuela fasse à nouveau défaut (sur sa dette) dans les trois prochains mois". Les avertissements des agences de notation se succèdent ces derniers jours, alors que S&P Global Ratings et Fitch ont constaté un défaut partiel de l'État vénézuélien et de sa compagnie pétrolière PDVSA. Le comité spécial de l'Association internationale des produits dérivés (ISDA) - une instance de créanciers - a lui aussi entériné, la semaine dernière, un défaut de paiement sur trois échéances manquées par le groupe pétrolier.
Une dette estimée à 150 milliards de dollars. Le gouvernement du président socialiste Nicolas Maduro, qui affronte une grave crise politique, n'a désormais pas d'autre choix que de renégocier une dette extérieure estimée à environ 150 milliards de dollars par certains experts, alors que sa population souffre déjà de graves pénuries d'aliments et de médicaments, faute d'argent pour les importer. Dans cette perspective de restructuration, le Venezuela a récemment obtenu un coup de pouce de la part de la Russie, son deuxième plus important créancier après la Chine.
Un crédit russe accordé en 2011. Une délégation du gouvernement a en effet signé à Moscou un accord rééchelonnant un crédit russe de 3,15 milliards de dollars accordé en 2011 pour l'achat d'armements. Pour autant, le geste de la Russie est loin de résoudre toutes les difficultés financières de Caracas, qui ne dispose plus que de 9,7 milliards de dollars de réserves et doit rembourser au moins 1,47 milliard d'ici à fin 2017, puis 8 milliards en 2018.
Le Venezuela, autrefois pays le plus riche d'Amérique latine. Les analystes dans leur ensemble sont pessimistes sur les chances de renégociation avec les créanciers - dont 70% sont nord-américains (États-Unis et Canada), selon Caracas. D'autant que le gouvernement américain, qui qualifie le gouvernement vénézuélien de dictature, interdit à ses citoyens et banques tout accord avec les autorités vénézuéliennes. En raison des sanctions, le Venezuela, autrefois le pays le plus riche d'Amérique latine, est coupé des marchés financiers, et pourrait devoir affronter des poursuites et la saisie d'actifs et filiales à l'étranger à l'instar de ceux de Citgo, la filiale américaine de la compagnie pétrolière publique PDVSA.