C'est la 13ᵉ manifestation consécutive depuis l'annonce des résultats des élections législatives et locales, selon lesquels le parti SNS (droite nationaliste) du président serbe Aleksandar Vucic, au pouvoir depuis 2012, a remporté, 46 % des voix contre 23,5 % à la coalition de l'opposition.
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L'opposition a contesté ces résultats, parlant de nombreuses irrégularités, notamment le fait que, selon elle, des Serbes de Bosnie ont été autorisés illégalement à venir voter dans la capitale. Les observateurs internationaux ont également rapporté de nombreuses irrégularités.
"Nous demandons simplement que notre voix soit entendue"
La manifestation de samedi est organisée par un groupe d'intellectuels, artistes et célébrités, ProGlass (jeu de mot qui signifie à la fois "proclamation" et "pro-vote"). Pro-glass avait commencé par faire campagne pour appeler à aller voter, et sa proclamation s'est ensuite transformée en protestation contre les fraudes.
Mais les protestataires rassemblés samedi sont de tous bords, de la principale coalition d'opposition "La Serbie contre la violence" aux groupes d'étudiants et de jeunes qui manifestent depuis près de deux semaines.
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"Des étudiants, de 18, 20 ans, sont accusés d'avoir cherché à renverser l'ordre constitutionnel et assignés à dimicile. Est-ce que c'est le signe d'élections justes ?", a lancé samedi une des dirigeantes du mouvement étudiant, Emilija Milenkovic. "Nous demandons simplement que notre voix soit entendue au moins lorsque nous votons".
Un professeur d'université, Filip Ejdus, s'est félicité de ce que les étudiants, "de nos jours, nous donnent des leçons de responsabilité civique et de courage". "Nous refusons cette élection volée, les arrestations d'étudiants et la torture de la part de la police", a-t-il ajouté. Vendredi, des étudiants, à l'appel du groupe Borba ("combat"), avaient réussi à bloquer une rue du centre de Belgrade.
Un rassemblement sur un lieu symbolique
Les manifestants réclament inlassablement l'annulation des élections et des enquêtes sérieuses sur les fraudes, afin de pouvoir organiser de nouvelles élections dans six mois. La foule a particulièrement acclamé samedi la dirigeante de l'opposition, Marinika Tepic, qui, en grève de la faim depuis le 18 décembre, a dû être aidée pour monter sur l'estrade.
"La seule chose que je peux vous dire, c'est que tout a déjà été dit. Ces élections doivent être annulées", a-t-elle lancé, avant de se rendre à l'hôpital et d'annoncer qu'elle mettait un terme à sa grève de la faim.
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Le lieu du rassemblement, autour de la fontaine de Terazije, est symbolique, lié dans les mémoires aux quatre jours de manifestations de mars 1991, les premières grandes protestations contre l'homme fort de l'époque, Slobodan Milosevic.
Dimanche dernier, des manifestants dénonçant les résultats contestés des législatives en Serbie avaient attaqué la mairie de Belgrade, brisant des fenêtres à coups de pierres, avant d'être repoussés par la police. Une trentaine d'arrestations avaient eu lieu.