Les ONG multiplient les appels à boycotter le régime birman. Depuis la prise de pouvoir par la junte le 1er février dernier, 770 civils ont été tués. Présente sur place, l'entreprise Total a également été appelée à cesser ses activités. Or, le groupe partagerait une grande partie des revenus réalisés dans le pays avec les militaires de la junte au pouvoir, selon des révélations du quotidien Le Monde. Les salariés birmans du géant pétrolier sont quant à eux face à à une situation inextricable, pris entre pression de leur direction et envie de manifester.
Les conséquences d'un départ de Total
Ceux qui tentent de rejoindre la contestation risqueraient de se faire enrôler par l'armée, a averti la hiérarchie de Total sur place. Alors, seuls quelques-uns ont fait ce choix. Les autres continuent de produire. Éric Sellini, coordinateur CGT du groupe en France est en lien avec ses collègues birmans, qui lui expliquent leur façon de contourner la contrainte. "Les salaires de ces salariés-là sont relativement supérieurs à la moyenne du pays, grâce à ça, ceux qui ont été licenciés peuvent continuer à vivre, tout comme ceux qui sont en grève pour pouvoir protester dans la rue", rapporte-t-il à Europe 1.
Après avoir demandé à Total de se retirer du pays, certains salariés birmans semblent changer de pied. Un autre responsable syndical de l'entreprise confie qu'un départ de Total serait un handicap pour la population, puisque le gaz exploité là-bas sert à fabriquer de l'électricité. Si le groupe cesse sa production de gaz, la ville de Rangoon, qui compte 5 millions de personnes, pourrait se retrouver privée d'énergie. Ce serait un coup de plus sur la tête d'habitants déjà sonnés par la pauvreté, l'inflation et la répression.
Total annule une campagne de publicité dans le journal Le Monde
Dans un long article publié mardi, Le Monde assure avoir eu accès à des documents selon lesquels le géant pétrolier, via un montage financier, aurait partagé certains de ses revenus issus du gaz birman avec des membres de la junte militaire, désormais au pouvoir à Naypyidaw, et ce de manière à faire baisser le montant des charges dues à l’Etat birman.
Dans la foulée de cette publication, Total a annulé une campagne de publicité dans le journal. Le Monde a confirmé cette décision, pouvant être interprétée comme une mesure de rétorsion. De son côté, le groupe pétrolier n’a fait aucun commentaire.