Le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping se rencontrent pour la première fois jeudi, dans la somptueuse résidence du milliardaire républicain en Floride. Les enjeux sont importants pour les deux dirigeants qui ont affiché des désaccords. Le président républicain de 70 ans, dont le positionnement diplomatique vis-à-vis du géant asiatique reste flou, aura l'occasion de fournir une première indication de l'orientation qu'il entend donner à la relation sino-américaine.
- L'épineuse question de la Corée du Nord
L'un des sujets sensibles qui devraient être abordés concerne la Corée du Nord. Pyongyang vient de tirer un énième missile balistique, après avoir procédé en septembre à un essai nucléaire qui a entraîné de nouvelles sanctions internationales contre le régime de Kim Jong-Un. Mais Chinois et Américains divergent sur le moyen de convaincre le "pays ermite" d'abandonner son programme atomique.
Aux yeux des Etats-Unis, la Chine est le principal soutien économique et diplomatique de la Corée du Nord. Elle a donc la puissance nécessaire pour faire revenir sa voisine à la raison. Mais la Chine nie avoir une telle influence et se dit opposée à des sanctions qui frapperaient la population nord-coréenne. Pour Pékin, un écroulement du régime de Pyongyang provoquerait un afflux de réfugiés et permettrait à l'armée américaine, déjà basée en Corée du Sud, de stationner à la frontière chinoise, dans une hypothétique Corée réunifiée.
- Le commerce avec la Chine
Autre question brûlante qui devrait être évoquée sous les palmiers de Floride, le commerce. L'homme d'affaires new-yorkais reconverti dans la politique veut aborder le sujet délicat du déficit des Etats-Unis avec la Chine, qui s'élève à près de 350 milliards de dollars en 2016. La Maison-Blanche a promis des paroles "franches" sur ce thème. Avec pour objectif de "réduire les barrières à l'investissement et aux échanges créées par les Chinois", selon les termes d'un responsable américain.
La Chine impose des droits de douane de 25% sur les importations de voitures, limite les importations de nombreux produits agricoles et ferme l'essentiel du secteur des services aux investissements étrangers.
- Entacher son image
Xi Jinping prend un risque en se rendant à l'invitation de l'imprévisible président américain, que tout oppose en apparence au maître de la Chine communiste. Le président chinois, considéré comme le plus puissant dirigeant de son pays depuis un quart de siècle, projette une image semblable à celle de son régime : rigide et immuable. Tout le contraire de la spontanéité du nouvel hôte de la Maison-Blanche qui n'hésite pas à froisser le protocole en recevant des dirigeants étrangers.
Une entorse aux usages lors du sommet dans la luxueuse villa du milliardaire américain à Mar-a-Lago en Floride serait mal vécue par le régime communiste, après une campagne électorale où Donald Trump a fait de la Chine un épouvantail. "S'il devait y avoir des moments embarrassants et que les deux parties aient un gros différend sur la Corée du Nord, ce serait risqué pour Xi Jinping, car il ne peut pas se permettre de perdre la face au moment où la Chine aspire à devenir le centre de gravité du nouvel ordre mondial", observe depuis Hong Kong le pékinologue Willy Lam.