Les Etats-Unis ont ratifié mercredi les protocoles d'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'Otan, après la décision historique de ces deux pays de renoncer à leur neutralité en raison de l'invasion russe en Ukraine. Le Sénat américain a approuvé cette résolution lors d'un vote à une très large majorité, avec les élus des deux partis (95 voix pour, 1 contre). Une majorité des deux tiers était nécessaire pour approuver le texte.
"L'Alliance est plus forte que jamais"
"Ce vote historique est un signe important de l'engagement durable et transpartisan des Etats-Unis à l'Otan, et de la volonté de faire en sorte que notre Alliance soit prête pour relever les défis d'aujourd'hui et de demain", s'est félicité le président Joe Biden dans un communiqué.
Son administration soutenait ardemment cette ratification censée démontrer la solidité de l'Alliance atlantique face à la Russie expansionniste. Aux Etats-Unis, le Sénat est seul habilité à ratifier les accords internationaux. Le président russe "Vladimir Poutine a tenté d'utiliser la guerre en Ukraine pour diviser l'Occident. Au lieu de cela, le vote d'aujourd'hui montre que l'Alliance est plus forte que jamais", a déclaré peu avant le vote le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer.
Ce vote intervient au lendemain de la ratification des protocoles d'adhésion par le parlement français, ainsi que par l'Italie mercredi. En comptant les Etats-Unis, 23 Etats ont déjà ratifié l'adhésion des deux pays sur les trente nécessaires, selon le décompte de l'Assemblée parlementaire de l'Otan. Tous les pays membres de l'Otan doivent ratifier les protocoles d'adhésion avant qu'ils ne puissent entrer en vigueur et, de ce fait, que la Finlande et la Suède puissent bénéficier de l'article 5.
Une adhésion qui n'est pas encore acquise
L'article 5 du traité de l'Alliance de l'Atlantique nord, fondée en 1949 au début de la Guerre froide, déclenche une riposte commune en cas d'attaque contre l'un des membres. Lors du débat mercredi, les sénateurs ont rejeté un amendement qui tentait de protéger les prérogatives du Congrès américain pour déclarer la guerre en cas d'activation de l'article 5.
L'adhésion à l'Otan de la Suède et de la Finlande n'est pas pour autant encore acquise, la Turquie menaçant de "geler" le processus, en accusant les deux pays nordiques de bienveillance envers le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et ses alliés qu'Ankara considère comme des organisations terroristes.
Un changement majeur dans la sécurité européenne
Ankara, qui bloquait depuis mai leur entrée dans l'Alliance atlantique, a signé avec eux un mémorandum d'accord en juin liant leur adhésion à leur lutte contre les mouvements kurdes et leurs partisans sur leur sol. Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau menacé fin juillet de faire barrage, accusant en particulier la Suède de ne pas "prendre sa part" à la lutte contre le terrorisme.
La Suède et la Finlande, qui s'étaient jusqu'à présent gardées de rejoindre l'Otan afin de ne pas s'attirer les foudres de la Russie voisine, ont présenté leur candidature après l'invasion, le 24 février, de l'Ukraine par Moscou. Celles-ci ont été approuvées lors d'un sommet de l'Otan à Madrid fin juin.
Ces adhésions représentent un changement majeur dans la sécurité européenne et interviennent sur fond d'un renforcement considérable de la présence américaine sur le continent européen depuis l'invasion russe.